Yanis S-E., un Martiniquais âgé de 31 ans, a été condamné à 15 ans de réclusion pénitentiaire par la cour criminelle de la Gironde, mercredi. Il était notamment accusé de proxénétisme envers cinq jeunes filles mineures, placées en foyer d’accueil.

Face à la cour criminelle de la Gironde, l’accusé a nié les faits qui lui étaient reprochés durant l’intégralité de ses trois jours de procès. Âgé de 31 ans, le Martiniquais Yanis S-E. a bredouillé : «Je m’excuse pour tout,» avant d’être condamné à 15 ans de réclusion criminelle. Le trentenaire était accusé de «proxénétisme aggravé» envers cinq jeunes filles, âgées de 13 à 17 ans, placées dans un foyer de l’Aide sociale à l’Enfance (Ase) qui en avaient fugué. Le condamné a aussi été accusé du «viol» de l’une d’entre elles. Les chefs de «détention de stupéfiants» et le refus de composer le code secret de son téléphone aux enquêteurs lui étaient également reprochés. Ce sont les deux seuls faits qu’il a reconnus devant la justice. Selon son avocate, Me Eléna Badescu, Yanis S-E. qui encourait 20 ans de réclusion criminelle, a été «sonné» par sa condamnation «vertigineuse» pour «un homme qui comparaissait libre». La peine prononcée était toutefois conforme aux réquisitions du parquet.

Et pour cause. Les faits qui ont été jugés ont été découverts après le signalement au parquet de la fugue de trois jeunes filles mineures, soupçonnés de se prostituer. D’après l’ordonnance de mise en accusation que nous avons pu consulter, Yanis S-E a commis un délit de recours à la prostitution en rencontrant Lola*, l’une des adolescentes, sur internet. D’après les témoignages des victimes, cette dernière lui aurait proposé de devenir son «maquereau» et celui des autres adolescentes. Plusieurs SMS échangés entre Yanis S-E. et les adolescentes en attestent – «J’ai un pote y veut se faire sucer. Tu veux ? Pour 30 balles ? 40 balles – Je ne sais pas. C’est qui ?». Ces conversations démontrent aussi que ce dernier gérait leurs annonces, les mettait en relation avec des clients et les laissait se prostituer dans son studio à Mérignac, où il détenait une arme. En échange, il percevait 50% de l’argent qu’elles gagnaient. Les jeunes filles se rendaient aussi chez le condamné, surnommé «Chabin», pour consommer alcool, cigarette, cannabis et cocaïne. Le plus souvent, ce dernier les faisait venir en Uber et ne les fournissait en drogues qu’en échange d’une prestation sexuelle.


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Défaillance du foyer d’accueil ?

Le foyer, où sont placées les cinq victimes, n’est pas poursuivi en justice. «Un foyer d’accueil n’est pas un centre éducatif fermé où l’on peut maintenir les adolescentes si elles veulent en sortir», explique Véronique Compan, avocate générale du procès. «Dans ce dossier, la question de la responsabilité du foyer ne s’est pas posée. C’est d’ailleurs lui qui a alerté le parquet des mineurs», précise le parquet général de Bordeaux. Cette affaire, loin d’être une exception – 20.000 mineurs se prostituent en France – «pose question sur les placements en foyer et leurs contrôles», reconnaît toutefois le parquet général en insistant sur le fait qu’il s’agit d’un «phénomène national».

Yanis S-E comparaissait au côté de son complice présumé, le Martiniquais Brice B. dont les agissements ont été découverts durant l’instruction. Ce dernier a été condamné à deux ans de prison dont 20 mois de sursis probatoire.