

Lors du Congrès mondial du diabète organisé en avril 2025 à Bangkok, la Fédération internationale du diabète (FID) a annoncé la création d’un groupe de travail spécifique consacré à une forme jusque-là négligée : le diabète lié à la malnutrition. L’organisation l’a désormais classé comme « diabète de type 5 ».
Cette décision fait suite à des décennies d’observations cliniques dans des régions pauvres, où des patients jeunes et très maigres développaient un diabète qui ne correspondait ni au type 1, ni au type 2. Et encore moiNs aux types 3 et 4 (lire À SAVOIR). « Ces patients ont longtemps été mal diagnostiqués, parfois traités à tort comme des diabétiques de type 1, avec des conséquences graves », souligne la FID dans son communiqué officiel.
Une étude parue dans The Lancet Diabetes & Endocrinology en 2023 estime que le diabète de type 5 entraîne une mortalité bien plus élevée que les autres formes, faute de diagnostic et de traitement adaptés.
Diabète de type 5 : de quoi parle-t-on exactement ? Qui sont les patients concernés ?
Contrairement au type 2, largement associé au surpoids et à la sédentarité, le diabète de type 5 touche des adolescents et de jeunes adultes minces, souvent en état de dénutrition.
On l’observe surtout dans :
- l’Asie du Sud (Inde, Bangladesh, Népal),
- l’Afrique subsaharienne,
- et certaines zones d’Amérique latine.
Selon la FID, 20 à 25 millions de personnes vivraient aujourd’hui avec cette maladie, souvent sans diagnostic clair.
En quoi est-il différent des autres diabètes ?
Le diabète de type 5 ne relève ni d’une réaction auto-immune, comme le type 1, ni d’une résistance à l’insuline, comme le type 2. Ici, le problème vient d’une production d’insuline insuffisante :
Les chercheurs ont montré que cette carence insulinique profonde distingue clairement ce diabète des autres formes.
Pourquoi cette reconnaissance est cruciale
Pendant des années, ces patients ont été assimilés à tort aux diabétiques de type 1 ou 2. Conséquence :
- certains recevaient trop d’insuline, risquant de dangereuses hypoglycémies,
- d’autres restaient sans traitement adapté, aggravant leur état.
La reconnaissance du type 5 vise donc à :
- améliorer le diagnostic,
- adapter la prise en charge thérapeutique,
- et renforcer la prévention nutritionnelle.
Diagnostic et traitements : un chantier en cours
À ce jour, aucun test spécifique n’existe pour dépister le diabète de type 5. Le diagnostic repose sur un faisceau d’indices : âge jeune, maigreur, absence d’anticorps auto-immuns et sécrétion d’insuline très faible.
Côté traitements, la FID reste prudente. Les premières recommandations évoquent :
- une réhabilitation nutritionnelle comme pierre angulaire,
- de faibles doses d’insuline si nécessaire,
- et parfois certains antidiabétiques oraux, mais les données sont encore limitées.
Le groupe de travail de la FID devrait publier en 2026 des lignes directrices internationales pour standardiser diagnostic et prise en charge.
Un enjeu mondial de santé publique
Alors que l’obésité et le diabète de type 2 dominent le débat médiatique, le diabète de type 5 rappelle une autre réalité : celle des millions de jeunes trop maigres, victimes silencieuses d’une maladie ignorée.
Pour les experts, reconnaître ce diabète, c’est envoyer un message fort : lutter contre la malnutrition, ce n’est pas seulement prévenir les carences ou la mortalité infantile, c’est aussi éviter des maladies chroniques graves à l’âge adulte.
À SAVOIR
Si diabète de type 5 il y a, c’est qu’il existe aussi un type 3 et un type 4, en plus des types 1 et 2, les plus connus.
Le diabète de type 3 désigne principalement l’atteinte du cerveau par une résistance à l’insuline, souvent associée à la maladie d’Alzheimer, d’où l’expression parfois utilisée de « diabète du cerveau ».
Le diabète de type 4, plus récemment décrit, correspond à une forme de diabète liée au vieillissement, observée chez des personnes âgées non obèses et non résistantes à l’insuline, suggérant un mécanisme distinct des types classiques.


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