Le VPN gratuit lancé par Free pour ses abonnés mobiles fait polémique. Le député socialiste Thierry Sother a saisi l’Arcom, l’autorité de régulation du numérique, estimant que ce service permet aux mineurs de contourner les contrôles d’âge censés protéger l’accès aux sites pornographiques.

Depuis le début de l’année, la loi impose aux sites pour adultes de vérifier l’âge de leurs visiteurs. Mais grâce au VPN, les utilisateurs peuvent masquer leur localisation et faire croire qu’ils se connectent depuis un pays dans lequel ces vérifications n’existent pas.

Un outil qui compromet « la protection des mineurs »

Pour Thierry Sother, l’initiative de Free revient à fournir un passe-droit numérique qui rend la loi inopérante. « Ce dispositif permet à tous les abonnés sans distinction d’âge de masquer leur adresse IP, de simuler une connexion depuis l’Italie ou les Pays-Bas et donc de contourner les mesures de restriction d’accès à certains sites, y compris celles liées à la protection des mineurs », dénonce le député du Bas-Rhin.

Le parlementaire redoute également un effet domino sur les futures régulations numériques. Il cite notamment le projet du gouvernement d’interdire l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans, qui pourrait devenir « inapplicable » si des solutions de contournement sont offertes par les opérateurs eux-mêmes. Thierry Sother demande à l’Arcom d’intervenir rapidement et de contraindre Free à revoir sa copie, au nom de la santé et de la sécurité des enfants.

Notre dossier sur la pornographie40 % des enfants consultent des sites pornographiques

De son côté, Free souligne que son service VPN n’a rien de révolutionnaire et qu’il « existe déjà » sur le marché, « en France comme à l’international ». L’opérateur rappelle également qu’il propose « un contrôle parental gratuit » qui reste actif, même lorsque le VPN est utilisé, et qui peut être activé par les parents sur la ligne secondaire de leurs enfants.

En août, cinq sites pornographiques avaient été mis en demeure par l’Arcom et ont depuis mis en place un système de vérification de l’âge. D’autres, comme Pornhub, YouPorn ou RedTube, ont préféré suspendre leurs activités en France. Malgré ces efforts, une étude de l’Arcom montre que 40 % des enfants en France consultent chaque mois des sites pornographiques, illustrant l’ampleur du défi.