Alors que la campagne des municipales s’accélère depuis la rentrée de septembre, certains mouvements ou partis moins connus comptent tout de même peser dans la balance. Rencontre avec UTILES, Cap 21 et Convergence, que l’on pourrait retrouver dans des listes aux élections municipales, seuls ou avec d’autres partis.
Depuis le début du mois de septembre, la campagne pour les municipales a changé de braquet à Strasbourg. Candidature déclarée de Pierre Jakubowicz, sondage plaçant Catherine Trautmann et Jean-Philippe Vetter au coude à coude, bataille sur Instagram autour de la figure de Jeanne Barseghian… Les actualités sont animées autour des figures politiques les plus connues localement.
Davantage dans l’ombre, différents partis et mouvements se préparent également pour la jungle des municipales. Moins connus du grand public, ils comptent néanmoins peser dans la campagne, soit en étant porteurs de propositions, soit en montant une liste individuelle. Rencontre avec trois d’entre eux.
Cap 21, le parti qui compte donner une « boussole » à Strasbourg
Pour Chantal Cutajar, Strasbourg a perdu le cap. Et ça tombe bien, l’ancienne adjointe sous Roland Ries et candidate aux municipales en 2020 [2,17%, ndlr] compte bien lui en donner un qui sera clair avec Cap21. Se positionnant différemment qu’il y a six ans, elle ne s’annonce pas candidate. Néanmoins, elle affirme échanger avec des représentant(e)s des partis allant de Jean-Philippe Vetter à Catherine Trautmann avec une idée : comment se donner la possibilité de se rassembler, avant le 1er tour ?
Affirmant que « les citoyens veulent que les politiques se rassemblent autour de l’intérêt général et le bien commun », elle a lancé l’initiative de la Boussole, « pour donner un cadre et une direction claire » à Strasbourg. Une ville qui « traverse une crise de confiance majeure, où la démocratie locale a été vidée de toute substance, où la fracture sociale continue d’être exacerbée et où l’écologie est imposée sans pédagogie ».
Strasbourg n’a pas besoin d’une alternance molle, ni d’un rejet par défaut.
Chantal Cutajar, présidente du parti Cap21
Pour cela, elle organise sa réflexion autour de quatre pôles : la République et la laïcité comme le cadre commun, la co-construction de la démocratie comme la méthode, l’exemplarité des élu(e)s et la protection du vivant en assurant sécurité, santé, logement et une « écologie réconciliée avec l’économie qui créera des emplois qui respecteront les générations futures ». Elle précise également que deux grandes propositions autour de la dimension européenne de Strasbourg seront présentées le 26 septembre prochain.
Espérant participer au « bloc central » et « rassembler au-delà des partis et des clivages sur des principes simples et universels », Chantal Cutajar propose ainsi sa Boussole et ses réflexions auxquelles se joignent des Strasbourgeois(es).
© Chantal Cutajar / Document remis
Convergence, l’association qui oeuvre « à la réussite de la gauche »
Alors que la gauche promet de partir en ordre dispersé pour ces municipales, Convergence s’est donnée comme lourde mission de rassembler une grande partie de ce petit monde pour dialoguer. Créée il y a quatre ans, elle s’est depuis appliquée à être un espace de discussion pour l’ensemble de la gauche [sauf LFI, ndlr]. Avec un enjeu clair : « Pouvoir faire des propositions pour les élections municipales », selon Linda Ibiem, présidente de l’association et conseillère régionale, et Gabriel Derais, son porte-parole et délégué de la section Meinau-Neuhof du PS strasbourgeois.
Forte de quatre ans de travail, Convergence a développé son programme intitulé « Strasbourg Vivant ». Celui-ci repose sur plusieurs piliers : solidarité et emploi, la priorité principale, et ensuite éducation et culture et environnement et mobilité. Convergence développe également quelques mesures : la création d’une grande cité des sciences, aller plus loin que l’hébergement d’urgence, un « prêt citoyen » permettant aux Strasbourgeois(es) de participer directement aux infrastructures de la ville, et la question des gratuités des transports en commun.
L’ADN de Convergence c’est un toit sur la tête, à manger dans l’assiette et s’émanciper dans sa vie dans le temps qu’on passe ici sur Terre à Strasbourg, et dans sa métropole.
Linda Ibiem, conseillère régionale et présidente de Convergence
© Convergence / Document remis
L’enjeu désormais est de réaliser les conditions de l’union, et que Convergence en soit le catalyseur. Peu évident au premier abord, alors que les querelles intestines dans les sections bas-rhinoises du PS n’ont jamais été réglées. Le PS 67, en majorité éloigné de la ligne d’Olivier Faure, a validé une feuille de route pour proposer une liste autonome, décision contestée par Linda Ibiem et Gabriel Derais, suivant la ligne unitaire de l’actuel Premier secrétaire du PS. Il pourrait alors y avoir quelques remous en interne.
En attendant, Convergence ne cache pas son ambition de vouloir être au centre du jeu à gauche : « On veut être porteur de nos idées jusqu’au bout », selon Gabriel Derais, qui précise : « Si à l’automne ou en hiver, on voit que les choses s’embourbent, et que la gauche ne prend pas le chemin d’un rassemblement le plus large possible, on sera la table de discussion où la gauche pourra se réunir. » Le chemin sera ardu, mais Convergence se veut optimiste : « L’objectif il est simple, nous, ce qu’on veut, c’est la réussite de la gauche. Et on veut contribuer à cette réussite là. »
© Convergence / Document remis
UTILES, un mouvement qui veut « apporter des réponses concrètes et humaines »
Émanation du groupe parlementaire centriste LIOT à l’Assemblée nationale, UTILES 67 souhaite être, comme son nom l’indique, utile à Strasbourg. Créé le 3 juin dernier, il réunit « femmes et hommes qui ont envie de faire de la politique autrement », selon Mohamed Sylla, son président. S’affirmant « ni de gauche ni de droite », le mouvement n’a qu’un objectif : « La primauté, quelles que soient nos différences, doit être donnée à Strasbourg, qui est notre bien commun que l’on doit préserver. »
Le président du comité UTILES Bas-Rhin dresse le constat « d’une ville de plus en plus éloignée de ses citoyens, dont une grande partie se sent mise à distance de l’action publique ». Il critique également un manque d’écoute, une fracture sociale, une crise du logement et la précarité de l’emploi dans la ville. Souhaitant comme beaucoup d’autres recueillir les avis des Strasbourgeois(es), il a ainsi pris l’initiative d’un cahier de doléances, où chaque citoyen(ne) peut définir les priorités qui lui sont chères.
On veut dire à celles et ceux qui nous représentent : soit vous prenez vos responsabilités, soit on changera complètement les acteurs avec des profils qui connaissent mieux la réalité du terrain.
Mohamed Sylla, président du comité UTILES Bas-Rhin
© UTILES Bas-Rhin / Document remis
Depuis le lancement de la dynamique UTILES, Mohamed Sylla et son mouvement ont mené différentes actions dans les quartiers de la ville : porte-à-porte, barbecues populaires, sensibilisation à l’inscription des jeunes sur les listes électorales et présence sur tous les marchés strasbourgeois. Avec une ligne directrice : « Que les jeunes ou tout citoyen strasbourgeois puissent se dire que tout est possible ; qu’on doit se réveiller, qu’on peut tous porter un projet et notre amour pour Strasbourg. »
Alors que la construction du programme est en cours avec les citoyen(ne)s, UTILES se projette déjà dans la campagne des municipales et souhaite « concevoir un projet dans lequel les Strasbourgeois(es) se reconnaîtront quelles que soient leur sensibilité, origine, catégorie professionnelle. » S’il ne ferme pas la porte à « tous ceux qui pensent que Strasbourg est notre bien commun », « l’objectif c’est d’y aller, une fois que le projet est là ». Affaire à suivre.
© UTILES Bas-Rhin / Document remis