Comme elle l’avait été lors du mouvement contre la réforme des retraites de 2023, la mobilisation a de nouveau été importante dans l’Ouest ce jeudi 18 septembre 2025. Les autorités ont ainsi compté 10 000 manifestants à Nantes (17 500 selon le comptage de Ouest-France et 25 000 selon les syndicats), 11 500 à Rennes (20 000 selon les syndicats) ou 10 000 à Caen (17 000 selon l’intersyndicale).
À titre de comparaison, les forces de l’ordre n’ont dénombré que 4 000 manifestants à Bordeaux, ville à peine moins peuplée que Nantes, 14 000 à Lyon et 15 000 à Marseille, deux villes qui sont elles beaucoup plus importantes. Des chiffres qui ont de quoi contribuer à faire du Grand Ouest l’une des places fortes de la mobilisation. En amont de la manifestation, le ministère de l’Intérieur s’attendait d’ailleurs à y voir environ un quart du total des manifestants.
De nombreuses villes de gauche
Cela n’est guère étonnant lorsqu’on se penche sur la typologie des villes qui, traditionnellement, se mobilisent le plus. « Les villes où ces mouvements se déploient fortement, ce sont des villes avec un électorat de gauche et un secteur public important, notamment de grandes universités, des structurelles hospitalières ou des centres administratifs », résume Romain Pasquier, politologue et professeur à Sciences Po Rennes. Or, l’Ouest compte bien plusieurs grandes villes de ce type : Rennes et Nantes, évidemment, mais aussi, dans une moindre mesure, Brest ou Saint-Nazaire. La présence de grands ports, où les syndicats sont traditionnellement très actifs, a également de quoi gonfler certains cortèges.
Par ailleurs, « l’Ouest est un modèle polycentrique avec certes deux grandes villes mais aussi beaucoup de villes moyennes comme Saint-Brieuc, Lorient et Quimper, où vous allez retrouver des éléments comparables ». La « forte densité de pôles urbains » dans un Grand Ouest souvent marqué à gauche explique donc en partie son poids dans les récentes mobilisations. Car si des villes comme Grenoble, Toulouse ou Strasbourg se mobilisent aussi de façon importante, elles le font de manière plus isolées. Mulhouse, voisine alsacienne de Strasbourg, n’a ainsi réuni qu’un millier de manifestants hier, quand Montauban, voisine de Toulouse, n’en a réuni que 3 000.
Des mouvances plus radicales
À ce poids numérique du Grand Ouest s’ajoute un poids symbolique, lié à l’intensité des manifestations organisées dans ses plus grandes villes.
« Aussi bien à Rennes qu’à Nantes, il y a un ferment de mouvances plus radicales, plus gauchistes : à Rennes avec le milieu estudiantin et à Nantes avec la queue de comète de Notre-Dame des Landes », estime Romain Pasquier. Des mouvances dont les actions contribuent, à chaque grande manifestation, à braquer encore un peu plus les projecteurs sur le Grand Ouest.