Le président américain Donald
Trump a salué jeudi le retrait de la célèbre émission nocturne
« Jimmy Kimmel Live » de l’antenne d’ABC, appelant également à ce
que les chaînes de télévision perdent leur autorisation de
diffusion pour toute couverture médiatique négative de son
administration, exacerbant un débat sur la liberté d’expression
aux Etats-Unis.

ABC a annoncé mercredi soir la suspension pour une durée
indéterminée de son très populaire ‘late show’, « Jimmy Kimmel
Live », du nom de son présentateur, après que ce dernier a
effectué lors de l’émission de lundi des commentaires jugés
outranciers par les conservateurs à propos de l’assassinat de
Charlie Kirk, figure de l’extrême droite ayant joué un rôle
important dans la réélection de Donald Trump l’an dernier.

Dans la foulée de l’assassinat, survenu lors d’un
rassemblement en plein air sur le campus de l’université de
l’Utah le 10 septembre, les alliés du président américain et de
Charlie Kirk ont blâmé la « gauche radicale » et prévenu de
conséquences les Américains qui n’afficheraient pas le respect
« approprié » à l’égard de la mort de Kirk.

La décision d’ABC de suspendre Jimmy Kimmel, à la tête de
l’émission éponyme depuis 2003, a été critiquée par nombre
d’artistes, professionnels des médias et autres personnalités
qui ont dénoncé, de même que l’ancien président démocrate Barack
Obama, une capitulation face à des pressions gouvernementales
décrites comme anticonstitutionnelles.

Revenu au pouvoir à la Maison blanche en janvier dernier,
Donald Trump a utilisé son pouvoir exécutif et les tribunaux
pour punir les commentaires peu flatteurs à son égard, les
qualifiant de diffamatoires ou d’erronés.

Comme il l’avait fait durant son premier mandat, le
président républicain a menacé de retirer les licences de
diffusion de chaînes de télévision locales affiliées aux
principaux réseaux nationaux – ces licences sont attribuées par
la Commission fédérale des communications (FCC), organe en
principe indépendant.

Les lois fédérales interdisent à la FCC de retirer à une
chaîne de télévision sa licence en raison d’une couverture
médiatique négative ou d’autres commentaires qui déplaisent au
gouvernement.

Brendan Carr, président de la FCC nommé par Donald Trump, a
menacé, avant l’annonce d’ABC, d’ouvrir une enquête concernant
les commentaires effectués par Jimmy Kimmel à propos de Charlie
Kirk. Dans la foulée, deux des principaux groupes propriétaires
de chaînes de télévision locales ont dit que l’émission « Jimmy
Kimmel Live » ne serait plus relayée sur leurs antennes.

ABC, propriété de Walt Disney

DIS.N

, détient huit chaînes
de télévision locales dont les licences dépendent de la FCC,
notamment dans des marchés importants tels que New York et Los
Angeles.

S’exprimant auprès de journalistes présents à bord de
l’avion présidentiel Air Force One qui le ramenait jeudi soir
aux Etats-Unis après une visite d’Etat en Grande-Bretagne,
Donald Trump s’est plaint de la mauvaise publicité que lui font
selon lui des chaînes de télévision américaines.

« C’est quelque chose qui doit être discuté pour les licences
(…) Tout ce qu’elles font, c’est de taper sur Trump », a-t-il
dit. « Peut-être que leurs licences devraient leur être
retirées », a-t-il poursuivi. « C’est à Brendan Carr de décider ».

Parmi les démocrates, on dénonce une attaque orchestrée par
Donald Trump contre la liberté d’expression, un droit qui figure
dans le premier amendement de la Constitution américaine. Les
républicains disent eux lutter contre les « discours haineux ».

VOIR AUSSI

ANALYSE-L’assassinat de Charlie Kirk expose la polarisation
politique des Etats-Unis

(Dawn Chmielewski à Los Angeles et Jonathan Allen à New York,
avec la contribution de Steve Holland à bord d’Air Force One,
David Shepardson et Trevor Hunnicutt à Washington; version
française Jean Terzian)