JULIEN DE ROSA / AFP
Arnaud Lagardère, PDG du groupe Lagardère, participe à son audition devant la commission d’enquête sur la concentration des médias au Sénat français à Paris, le 17 février 2022.
MÉDIAS – L’escalade verbale spectaculaire dans la guerre des médias Bolloré contre l’audiovisuel public se poursuit. Arnaud Lagardère, gérant de Lagardère Radio qui détient Europe 1, et la chaîne CNews, dans le giron du groupe Bolloré, ont répliqué ce jeudi 18 septembre soir dans deux communiqués distincts aux « attaques » des deux patronnes de France Télévisions et Radio France, dans le sillage de l’affaire Legrand-Cohen.
Arnaud Lagardère a dénoncé « les attaques excessives » de Delphine Ernotte Cunci, présidente de France Télévisions, et Sibyle Veil, présidente de Radio France, contre la radio, au lendemain d’une lettre des deux patronnes au régulateur de l’audiovisuel (Arcom) dans laquelle elles dénonçaient une « campagne de dénigrement » des médias de la galaxie Bolloré, dont CNews et Europe 1.
« Ces attaques excessives traduisent une fébrilité surprenante de la part de ces responsables de services publics et sont une manœuvre grossière de victimisation quand l’heure devrait être aux explications après l’affaire Cohen Legrand », estime Arnaud Lagardère. « Ces propos mettent en cause le travail et l’honorabilité de tous les journalistes et collaborateurs d’Europe 1, ce que je ne peux tolérer », a ajouté le dirigeant, mettant en avant « les obligations légales de pluralisme » auxquelles est soumise sa radio.
Une affaire d’abord largement commentée par les médias Bolloré
De son côté, la chaîne Cnews, qualifiée par Delphine Ernotte Cunci « d’extrême droite », a accusé cette dernière de vouloir « masquer les questions légitimes » sur l’impartialité du service public. « Delphine Ernotte Cunci a choisi d’allumer de façon scandaleuse des contre-feux », a ajouté la chaîne, pointant « des attaques qui ne font qu’illustrer la gêne que suscite chez ses concurrents le succès de Cnews », leader habituelle des chaînes info en part d’audience.
Le conflit entre ces deux blocs a explosé en début de semaine dans le sillage de l’affaire Legrand-Cohen, deux journalistes du service public accusés de connivence avec le PS. Dans l’émission Quotidien, ce jeudi soir, le journaliste Thomas Legrand s’est défendu d’avoir fait son travail et s’en est également pris à CNews, affirmant que sur la chaîne « il n’y a plus de reportage, ils ne font que du commentaire ».
Tout est parti d’une vidéo diffusée début septembre par le média conservateur L’Incorrect, qui a suscité une vive polémique politico-médiatique. Depuis son déclenchement, cette affaire a été amplement commentée sur CNews, Europe 1 et le Journal du dimanche (JDD), tous dans le giron de Vincent Bolloré, qui y ont vu un signe de parti pris politique du service public.