Une fois n’est pas coutume, le Rassemblement national (RN) se soumet à l’absence de contrôle aux frontières. Interrogé mercredi sur LCI sur le fait que les contribuables qui seraient assujettis à la taxe Zucman pourraient partir, Jean-Philippe Tanguy a pris acte que la porte est grand ouverte pour les fortunés, sans demander que soient érigées des barrières. « Évidemment qu’ils peuvent partir, puisque ce sont les plus favorisés. (…) Il y a une liberté des capitaux dans le monde construit par Macron ou ses prédécesseurs », a déclaré le monsieur économie du RN.
Et voilà donc l’extrême droite qui participe à son tour à délégitimer cette mesure de justice fiscale et sociale réclamée par la gauche, qui contraindrait les grandes fortunes à s’acquitter d’un impôt plancher au moins équivalent à 2 % de leur patrimoine.
Le député RN ne voit dans cette proposition qu’un outil de communication de la gauche et dévoile le fond de sa pensée : haro sur les services publics ! « Ce qui m’a beaucoup choqué dans la taxe Zucman », c’est que « cela empêche de parler des 57 % de dépenses (publiques) dans le PIB », avance Jean-Philippe Tanguy.
Sur le réseau social X, le député de la Somme indique dans la foulée que la priorité pour le RN n’est pas de trouver de nouvelles recettes, mais, à l’instar des macronistes, de « baisser les mauvaises dépenses et les taxes sur les classes moyennes/populaires ainsi que de favoriser le « produire en France » ». Pour combattre l’austérité et défendre les services publics, le RN répond donc une fois de plus aux abonnés absents.
Car, au RN, on n’a qu’une envie : grand-remplacer une Macronie qui se débat pour conserver son titre de meilleur chien de garde du capital. En vue de s’attirer les bonnes grâces du patronat, le président du RN, Jordan Bardella, s’est fendu début septembre d’une lettre aux entrepreneurs dans laquelle il déroule les arguments les plus libéraux. Jusqu’à promettre une réduction de la « mauvaise dépense publique » (ainsi sont appelés les pseudo-coûts de l’immigration et de « l’assistanat »), un allègement du « fardeau normatif », et une fiscalité avantageuse pour le capital par une baisse des « impôts de production » de 20 %.
Autant dire que lors de la rencontre de la délégation du parti postpétainiste avec le nouveau premier ministre, Sébastien Lecornu, mercredi, la fiscalité sur le patrimoine n’était pas au cœur des demandes. Démagogue, Marine Le Pen y a rappelé que pendant la dernière campagne présidentielle elle avait « fait la proposition d’un impôt sur la fortune financière » en remplacement de l’impôt sur la fortune immobilière.
Un impôt qu’elle vide toutefois de toute substance, précisant sur le perron de Matignon : « Nous préservons les biens professionnels », derrière lesquels se cachent les milliardaires. Dans son projet de contre-budget en 2024, le RN comptait sur cette mesure pour rapporter 3 milliards d’euros. Soit bien moins qu’une taxe Zucman, qui fournirait 20 milliards d’euros aux caisses de l’État. Dès lors qu’il s’agit de s’en prendre aux riches, le RN est gagne-petit.
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