« C’est une grande émotion. On rouvre enfin. » Tout sourire, Marie Lavandier, présidente du Centre des monuments nationaux, présente le nouveau parcours de visite devant une maquette de la cathédrale. Six ans après l’incendie, neuf mois après la nef, les tours de Notre-Dame de Paris sont à nouveau accessibles au public à partir de samedi. Le président Emmanuel Macron y est attendu ce vendredi, dans la matinée.

Une ascension de 424 marches attend les visiteurs pour ce circuit entièrement repensé. « Nous voulions offrir de nouvelles expériences aux visiteurs, pas seulement une belle vue sur Paris », insiste Marie Lavandier. Le panorama est, il est vrai, magnifique depuis la terrasse de la tour Sud, à 69 mètres de haut. À 360 degrés, Paris s’offre à nos pieds et le point de vue est unique sur la nouvelle flèche de la cathédrale. Mais avant d’arriver là, des paliers permettent d’admirer le travail de restauration de l’édifice, comme un « dialogue entre les artisans du Moyen-Âge et ceux d’aujourd’hui », souligne Marie Lavandier.

Deuxième plus grosse cloche de France

Dans la salle des Quadrilobes, des morceaux de certaines poutres ont ainsi été remplacés. « Le beffroi Sud a été épargné par l’incendie, qui a léché cette tour, mais certaines poutres étaient vermoulues à cause des infiltrations d’eau », précise Philippe Jost, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame. C’est également de là que part l’escalier en chêne à double révolution, pensé et construit pour ce nouveau circuit de visite.

On l’emprunte pour se diriger vers la terrasse, mais également à la descente, juste après avoir admiré de très près les deux bourdons de Notre-Dame, Marie et Emmanuel, deux cloches au son très grave de respectivement 6 et 13 tonnes. Ici, la restauration a consisté à remplacer les jougs, ces grosses pièces de bois auxquelles sont attachées les cloches et qui servent de contrepoids pour la mise en volée. « Emmanuel est la plus grosse cloche de France juste après celle du Sacré-Cœur de Montmartre », précise Nina Derain, chargée de projets scientifiques et culturels au Centre des monuments nationaux.

Éléphant de pierre

Autour des bourdons, la structure du beffroi permet de comprendre la gravité de l’incendie dans tour Nord, mais également l’utilité de cette gigantesque armature de bois. « Le beffroi sert d’une part à supporter les cloches, mais aussi à absorber les vibrations pour ne pas fragiliser les maçonneries. Lorsqu’elles sonnent à la volée, on sent très bien le beffroi bouger de quelques centimètres », raconte Philippe Jost. Aucun risque néanmoins de devenir aussi sourd de Quasimodo, les bourdons ne sonnent qu’en de rares occasions et les cloches quotidiennes sont situées dans la tour Nord.

La visite se poursuit par une nouveauté, un passage entre les deux tours par la cour des citernes, juste au-dessus de la grande rosace. Là, des ouvertures vitrées permettent d’entrapercevoir la forêt, la désormais célèbre charpente de Notre-Dame, et de constater que certaines chimères ont des visages tout à fait amicaux, comme cet éléphant de pierre qui invite les visiteurs à terminer leur itinéraire en redescendant par la tour Nord.

Ce nouveau parcours pourra accueillir 400 000 personnes par an. Elles viendront s’ajouter aux douze à treize millions de visiteurs attendus en un an pour l’intérieur de la cathédrale, confirmant pour Notre-Dame son statut de monument le plus visité d’Europe.

Tarif plein : 16 euros, réservation obligatoire sur www.tours-notre-dame-de-paris.fr