MIGUEL MEDINA / AFP
Gérald Darmanin photographié au mois d’avril à Toulon (illustration)
POLITIQUE – Deux adolescents placés en détention provisoire après l’agression la semaine dernière d’un policier à Tourcoing (Nord) ont été libérés mercredi, une décision critiquée ce jeudi 18 septembre par les ministres démissionnaires Gérald Darmanin et Bruno Retailleau et des syndicats policiers.
Sur les cinq jeunes de 15 à 19 ans mis en examen après cette agression filmée, diffusée et très relayée sur les réseaux sociaux, deux avaient été incarcérés provisoirement, deux autres placés sous contrôle judiciaire et le dernier a fait l’objet d’une mesure éducative judiciaire provisoire.
Mercredi, le juge des libertés et de la détention a décidé de libérer ceux en détention provisoire, un mineur et un majeur de 19 ans, et de les placer eux aussi sous contrôle judiciaire « strict », a déclaré à l’AFP le parquet de Lille, confirmant une information de BFMTV. Le parquet a précisé qu’il comptait faire appel de la décision de remettre en liberté le majeur.
Darmanin fait la promo de son projet de loi
« La remise en liberté si rapide de voyous à Tourcoing, mineurs ou majeurs, qui s’en prennent à des forces de l’ordre, n’est plus possible », a réagi jeudi sur X le ministre sortant de la Justice Gérald Darmanin. Il en a profité pour rappeler son projet de loi de peines minimales et immédiates de prison ferme « pour tous ceux qui s’en prennent aux policiers, gendarmes, douaniers, policiers municipaux, pompiers, soignants, agents pénitentiaires, élus locaux, greffiers ou magistrats ».
Auprès de la presse, son entourage précise que dans cette situation, « on aurait un mandat de dépôt obligatoire, avec une peine de six mois minimum, même sans récidive ». « Le PJL SURE et les propositions du ministre concernent en priorité le prononcé et l’exécution des peines et donc la phase post-sentencielle », reconnaît-on de même source. Néanmoins, « la certitude d’une peine ferme en cas de déclaration de culpabilité à l’issue de l’audience, changera nécessairement la façon que les magistrats auront de percevoir la détention provisoire dans ce type de procédure » veut croire l’entourage du ministre. « Les magistrats pourront en outre s’appuyer sur le trouble à l’ordre public causé par les faits pour ordonner la détention provisoire », ajoute-t-on.
« Si l’on veut stopper ces lynchages, ces agressions qui se multiplient vis-à-vis de nos forces de l’ordre, il faut que la justice soit la plus ferme possible », a aussi convenu jeudi le ministre sortant de l’Intérieur Bruno Retailleau devant la presse.
La concrétisation du projet de loi de Gérald Darmanin est cependant suspendue à son avenir au sein du gouvernement, pas encore formé. Il doit ensuite être présenté en Conseil des ministres, avant son adoption – ou pas – par le Parlement. Les grandes lignes, dévoilées par le ministre de la Justice en juillet, ont suscité une levée de boucliers chez les magistrats.