« Je me suis rendu compte qu’il suffit de dire comédie musicale ou théâtre musical, pour qu’un autre type de public vienne spontanément, à côté du public traditionnel de l’opéra », note Jérôme Gay, délégué général de Génération Opéra.
Company, comédie musicale américaine de Stephen Sondheim et George Furth, lancée à Broadway en 1970, a pu voir le jour grâce à la réunion d’une dizaine de maisons d’opéra en France et en Suisse. Créée en mars 2025 à l’opéra de Massy (Essonne), elle tourne en France jusqu’en 2027.
« Cela permet d’avoir un spectacle de grande qualité à des coûts relativement faibles, pour que le coût de cession soit couvert par la billetterie, et avec un potentiel tout de suite de 80 000 spectateurs. »
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« Direct et jouissif »
Pour Matthieu Rietzler, directeur de l’opéra de Rennes (Ille-et-Vilaine), coproducteur, qui accueillera Company en novembre 2025 : « La comédie musicale fait partie des formes joyeuses et fédératrices qu’il faut proposer de temps en temps. »
Il a à cœur d’en programmer une chaque saison. The Pajama Game , Maria de Buenos Aires, Cole Porter … « Cela pour le côté direct et jouissif de ces spectacles, qui ont une vraie profondeur et sont très tendres. Il se trouve qu’en ce moment il y a une génération d’artistes assez incroyables qui sont à la fois chanteurs, comédiens, danseurs pour porter ces grands ouvrages de comédies musicales. »
« Grande exigence »
Jérôme Gay décrypte la recette du succès des comédies musicales : « Le son légèrement amplifié, l’anglais, pratiqué par 99 % des gens dans notre monde… Aujourd’hui, on a besoin d’énergie, et Company en donne. Ce qui ne veut pas dire qu’on va abandonner l’opéra pour ne faire que de la comédie musicale ! »
L’opéra de Rennes, à côté d’œuvres plus radicales comme Curlew River de Benjamin Britten, inspirée du théâtre Nô, du baroque, ou de l’opéra vénitien, aime programmer également de l’opéra-comique ou de l’opérette.
« On est très attentif aussi à ce répertoire léger. Comme il est encore plus difficile à défendre, il faut vraiment que ce soit fait avec la plus grande exigence. C’est dans ces diversités d’approches que l’on accueille une diversité de public. »