À Toulon, Amnesty International est présent depuis plus de cinquante ans. Autant d’années de militantisme pour les droits humains, qui passent notamment par l’éducation.
Pour le groupe local, les interventions dans les établissements scolaires sont donc un point d’entrée privilégié pour sensibiliser les plus jeunes.
Pierre Mitrano est le responsable de ces actions, à la fois au sein de la métropole toulonnaise, mais aussi au niveau régional.
Comme son nom l’indique, Amnesty est international. Comment alors agit-on au niveau local?
Au niveau du mouvement mondial, on s’est fixé trois priorités. Enquêter, alerter et éduquer. Au niveau international, il y a les enquêtes menées par des professionnels qui aboutissent à des rapports afin d’alerter.
Le rôle du groupe local intervient au niveau de l’éducation, auprès du grand public, mais aussi auprès des élus par un travail de plaidoyer.
À Toulon, l’éducation aux droits humains est notre principale piste de travail. Et pour aller plus loin, nous avons besoin de bénévoles (1): ça peut être des personnes qui nous aident une heure par semaine et qui partagent nos convictions. Bien sûr, nous avons des formations dédiées.
Aujourd’hui, on voit à Toulon et alentour des mobilisations assez pugnaces, comme celles des samedis pour la fin de la guerre à Gaza, mais qui sont en même temps assez éparses. Quelle analyse en tirez-vous?
J’ai adhéré à Amnesty à 18 ans: ça fait donc quarante ans que je milite. Je ne peux que constater que la vie militante est beaucoup moins active aujourd’hui que dans les années 1980. Peut-être parce qu’on milite différemment, beaucoup en ligne notamment.
Ça, c’est le premier facteur. Le deuxième facteur, à mon avis, c’est qu’on est dans une phase que je dirais même globale, mondiale, où les droits fondamentaux ne sont plus à la mode.
Face à des États qui violent impunément le droit humanitaire international, il y a une forme de sidération et donc un manque de réaction.
Pour créer davantage de sensibilisation, voire d’engagement, vous comptez notamment sur la jeunesse. Comment la convaincre?
Pour nous, il ne s’agit pas de convaincre mais de planter des graines. Pour cela, nous intervenons dans des établissements scolaires ou parascolaires.
Nous ne proposons bien sûr pas de cours. Plutôt des ateliers dont l’objectif est de créer un climat de confiance, sans jamais être moralisateur, de partager, de faire réfléchir, parfois longtemps après l’intervention.
L’idée, c’est que les droits humains, c’est un peu comme l’air qu’on respire. C’est pour tout le monde. Et donc pour les jeunes aussi.
Et ces graines, les sentez-vous germer?
Bien sûr, c’est différent quand on intervient sur un temps de cinquante minutes ou dans le cadre d’un parcours pédagogique construit sur plusieurs semaines avec les enseignants, qui se finit par la projection d’un film ou, encore mieux, une rencontre.
Je pense que dans tous les cas, il en reste toujours quelque chose et qu’on ne sait jamais ce qui peut se produire. Dans tous les cas, cette graine, si on ne la plante pas, elle ne se poussera jamais.
1. Si vous souhaitez devenir bénévole ou simplement vous renseigner, écrivez à toulon@amnestyfrance.fr