Depuis son ouverture en 1935, dans le vibrant quartier des Halles, La Poule au Pot, a vu défilé du déjeuner au petit matin (le restaurant était ouvert toute la nuit à l’époque), une faune parisienne haute en couleur, faite d’habitués, de gourmets, de voyageurs mais aussi de noctambules. Un peu oubliée au fil des décennies, ce sont finalement Jean-François Piège et Elodie Piège qui ont réveillé cette belle endormie à la fin des années 2010. Sans dénaturer son ADN, laissant le décor originel presque intact, le chef étoilé et son bras droit y démocratisent, depuis, une certaine cuisine bourgeoise dans une ambiance de bistrot élégant et chaleureux comme Paris fait de mieux. Alors que le lieu souffle, cette année, sa 90ème bougie, un livre de recettes revenant sur tous les classiques immuables à la carte paraît. L’occasion d’en apprendre un peu plus avec son propriétaire. Rencontre.

Jean-François Piège et Elodie Piège célèbre les 90 ans de la Poule au Pot

Le livre « Ma cuisine française à la poule au pot » de Jean-François Piège

L’île flottante de Jean-François Piège

Quand et comment avez-vous pris les rênes de La Poule au Pot ?
Jean-François Piège. Nous avons racheté La Poule au Pot en 2018. Un soir, le propriétaire de l’époque, Monsieur Racat, est venu dîner au Clover Grill. Il est venu me voir directement pour me dire qu’il possédait un bistrot à 500 mètres, appelé La Poule au Pot, et qu’il aimerait que je le reprenne. Après quelques dîners et conversations, j’ai fini par le prendre au mot. Deux ans plus tard, l’affaire s’est conclue : nous avons repris La Poule au Pot.

Qu’est-ce qui vous a inspiré dans son histoire ?
C’était l’un des derniers restaurants des Halles ouverts toute la nuit – une véritable institution. Ce qui m’a inspiré, c’est cette âme typiquement parisienne, cette histoire vibrante qu’on devine entre ses murs, ce patrimoine vivant. Tout était quasiment d’origine. La Poule au Pot est une ancienne boucherie : le sol d’époque est encore là. Le précédent propriétaire avait simplement réalisé quelques aménagements dans les années 80.

Cette institution célèbre aujourd’hui ses 90 ans, dans un monde où la durée de vie des restaurants est de plus en plus courte, comment expliquez-vous son succès ?
La Poule au Pot est née en 1935 et elle continuera, je l’espère, bien après nous. Je ne souhaite pas en être le dernier propriétaire. Ces lieux, emblématiques de la cuisine française et du patrimoine parisien, doivent continuer à vivre. Au fond de moi, je garde l’idée que peut-être, un jour, le cinquième propriétaire pourrait être l’un de mes enfants… ou les deux.