l’essentiel
À la veille du déplacement à Montpellier, à l’occasion de la 3e journée de Top 14, ce samedi 20 septembre (21 heures), l’entraîneur des trois-quarts du Stade Toulousain a évoqué ce vendredi 19 septembre, en conférence de presse, l’actualité des « rouge et noir », qui entendent monter le curseur dans l’Hérault après une dernière sortie décevante dans le jeu face à Perpignan.

Quel regard portez-vous sur Montpellier ?

On voit qu’il y a quand même une évolution dans leur rugby. Ils ont repris les bases de ce jeu la saison dernière avec l’arrivée de Joan Caudullo, notamment sur la conquête, la défense et leur capacité à occuper le terrain adverse. Et on sent qu’ils sont en train de muter un petit peu vers un jeu plus ouvert, avec plus de ballons joués, de l’efficacité retrouvée sur des contre-attaques. C’est notamment lié à leur recrutement et aux joueurs qui sont sur le terrain. Ils ont fait évoluer leur rugby, pas uniquement sur du combat et de la conquête, mais aussi sur le fait de tenir le ballon et plus de jeux proposés, ce qui fait du MHR une équipe d’autant plus dangereuse.

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Au contraire du vôtre, l’effectif héraultais a beaucoup évolué cet été. Est-ce que cela peut compter sur une troisième journée ?

Oui mais si on regarde les deux premiers matchs de Montpellier, franchement, on sent une équipe déterminée, dangereuse, qui a vraiment des atouts, même si les résultats ne sont pas ceux qu’ils espéraient, évidemment. C’est une équipe qui est en place avec, encore une fois, un recrutement qui a été judicieux. Des joueurs qui sont dangereux et toujours cette base de conquête. Ils sont pénibles sur les phases de ruck, ils ont des joueurs qui sont très performants au contest. Encore une fois, ils ont de sacrés atouts. On est prévenus, on le sait. Même si on a eu de la réussite là-bas ces dernières années sait à quoi s’attendre, surtout qu’ils vont avoir une pression particulière. L’engagement sera total et ce sera difficile du début à la fin.

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Dans le staff comme dans le groupe, pas grand monde était satisfait du contenu après Perpignan malgré les 5 points. Quand on est coach, est-ce confortable d’attaquer une semaine comme ça avec un groupe qu’on imagine plus concerné ?

Ce n’est jamais très confortable, coach (sourire). On se trouve tous des petits challenges pour se mettre sous pression, nous aussi. Non, on n’était pas satisfaits du match sans en faire des caisses, puisque le résultat final, d’un point de vue comptable, est plutôt positif. On a fait preuve de trop d’imprécisions, à la fois sur la stratégie, c’est-à-dire ce qu’on avait mis en place dans la semaine, et sur nos décisions, qui n’ont pas toujours été judicieuses. Ensuite, il y a eu pas mal de déchet technique qui a créé des turnovers, donné des munitions à Perpignan qui ne les a pas très bien utilisées, heureusement. On gagne ce match avec le bonus mais il en manque vraiment pour qu’on soit satisfaits. C’est bien, ça nous a permis de faire un bon début de semaine, de recadrer pas mal de choses. On a affaire à des garçons qui sont concernés. Je pense aussi qu’ils sont conscients de l’adversité qu’on va rencontrer à Montpellier. Ils sont conscients de la situation de cette équipe et des comportements que ça va engendrer chez eux donc je pense qu’on s’est bien préparés.

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Comment le staff gère-t-il la balance sur le niveau d’exigence, toujours très élevé à Toulouse, pour ne pas user les joueurs mentalement ?

En étant objectif, tout simplement, et en gardant ce qu’on fait depuis de nombreuses années maintenant, c’est-à-dire juger le contenu plus que le résultat. Il y a parfois des défaites qu’on juge satisfaisantes en termes de contenu. Je pense au match qu’on a fait à La Rochelle la saison dernière avec les jeunes, qu’on perd à la dernière minute. Franchement, on était satisfaits du contenu dans le sens où la stratégie avait été respectée, l’engagement avait été total, on avait senti une vraie cohésion dans le groupe. Donc ça fait partie des défaites qu’on peut accepter tant que le contenu nous convient. Et même quand on gagne, il faut qu’on soit lucides et objectifs sur ce qu’a été le contenu. Et je pense que les joueurs, à partir du moment où tu es honnête avec eux, il n’y a pas de problème d’usure mentale ou de soucis de compréhension par rapport à ce qu’on leur demande. Donc ça marche comme ça. Il faut aussi voir les garçons individuellement, ce qu’on fait beaucoup, de manière à pouvoir analyser les choses, voir ce sur quoi on peut agir durant la semaine pour améliorer leurs comportements, leurs décisions, la qualité technique de certains gestes qui vont être amenés à se reproduire dans les semaines à venir. Il faut continuer de travailler, d’évoluer sur ce qui n’a pas fonctionné, tout en gardant en tête le rugby qu’on veut produire, en se concentrant aussi sur nous. Après, la recette miracle n’existe pas. Nous, on a notre manière de fonctionner. Je ne sais pas comment font les autres, et ça m’importe peu. On espère que ça va marcher ce week-end.

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À l’image de Kalvin Gourgues, des jeunes pointent le bout de leur nez. Comment se fait cette intégration pour qu’ils prennent peu à peu de l’importance dans le groupe ?

Je ne sais pas. Sur les entraînements, je dois avoir 21 ou 22 joueurs, avec à peu près 13 ou 14 professionnels. Tout le reste, ce sont des joueurs du centre de formation. Il y en a qui s’entraînent avec nous aujourd’hui que vous ne connaissez pas encore et qui, potentiellement, auront leur première titularisation, leur première fin de match dans trois mois, six mois, 10 mois, je ne sais rien. Mais qui, en tout cas, sont déjà avec nous. L’intégration se fait comme ça. Cela nous permet : un, de développer leurs compétences ; deux, de les intégrer aux professionnels et de s’habituer à être avec les joueurs plus confirmés, de connaître le fonctionnement de l’équipe. Et du coup, le jour où ils sont amenés à jouer, tout est plus simple. C’est une espèce de cercle vertueux. Ça fait maintenant cinq, six ans qu’on fonctionne comme ça. Ça nous permet d’avoir des joueurs, quand ils mettent le maillot pour la première fois, de ne pas ressentir forcément de pression négative, d’être déjà intégrés et d’être plutôt épanouis et efficaces sur le terrain. Aujourd’hui c’est Kalvin, il y a Célian (Pouzelgues) aussi. Il y a des joueurs qui pointent le bout de leur nez et qui font de bonnes choses. C’est très positif à la fois pour eux, mais aussi pour nous, pour le groupe et la concurrence que ça génère à l’intérieur du groupe.

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Et à l’inverse, quel regard portez-vous sur le parcours de Thomas Ramos ?

C’est intéressant parce que Thomas, ça ne lui est pas tombé tout seul dans la gamelle. Il se l’est pelé comme on dit (sourire). Ce n’est pas un parcours qui est linéaire, ce n’est un parcours qui est simple. Et c’est grâce à ça, je pense, qu’il s’est forgé ce caractère, ce mental aujourd’hui qu’il a de leader, de compétiteur de très haut niveau. Il n’accepte pas la défaite, il accepte peu les approximations. À la fois les siennes, mais aussi celles de ses partenaires. Il a une exigence qui est quand même exacerbée, particulière. Et ça doit être un exemple pour certains de nos jeunes, et d’ailleurs on s’en sert pas mal, puisque notre système de prêt fonctionne bien. On sent que les joueurs qui partent le font avec conviction, ce qui leur permet de s’épanouir ailleurs pendant un certain temps et de nous revenir avec un niveau de compétence plus élevé qu’avant. Et l’exemple de Thomas est l’exemple parfait. Il a osé faire ce prêt, il est revenu et il a endossé le rôle à la fois de buteur, mais aussi d’arrière, qui n’est pas simple, parfois numéro 10. Mais ça a plutôt bien fonctionné pour lui. Et puis encore une fois, même son parcours au niveau international n’a pas été simple. Il a été remis en question, il a été mis en concurrence. Il a toujours su relever ces défis pour finalement s’imposer aujourd’hui comme un numéro 1. Moi je suis assez fier de lui parce que je jouais avec lui. Moi je finissais, lui démarrait. Maintenant, je suis son coach depuis pas mal d’années, 7 ans, 8 ans maintenant. Et c’est cool de voir des joueurs s’épanouir de cette manière. Ce n’est pas facile tous les jours parce que c’est un mec qui pige le rugby et qui est capable de vous remettre en question. Donc il faut être assez précis avec Thomas. Mais en dehors de ça, c’est aussi un bon partenaire, un bon coéquipier, un bon mec. Donc ça se passe bien.

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Aviez-vous senti ces prédispositions quand il est arrivé ?

Le talent, c’est indéniable. Le leadership n’était pas encore complètement affirmé, mais bon, on sentait que le mec avait envie d’en découdre, qu’il aimait la compétition, qu’il détestait perdre. Mais sur sa position au sein du groupe, comme c’est un garçon intelligent, il faisait un peu attention aussi à la manière dont il exprimait les choses. Aujourd’hui, avec son expérience, avec les titres, avec l’aura qu’il peut avoir et l’influence qu’il a sur le groupe, il se permet d’intervenir de manière plus régulière. Il le faut et c’est bien. C’est un garçon qui a l’intelligence de savoir se positionner au bon endroit, au bon moment, et d’intervenir quand il le faut.

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Qu’est-ce que le fait de jouer en 10 lui a apporté dans sa progression ? On sait que votre système fonctionne avec un arrière qui intervient beaucoup dans le jeu.

Nous, ouvreur ou arrière, il n’y a pas trop de différence, à part le numéro. Sinon, leur rôle est similaire. Donc, à la limite, on s’en fout. Thomas pourrait avoir le 10, et Romain le 15, mis à part sur les lancements de jeu, cela ne changerait pas leur rôle. C’est peut-être un peu différent en équipe de France où là, oui, le fait d’avoir joué 10 avec de la réussite, lui a donné une confiance supplémentaire, des compétences et des atouts supplémentaires. Chez nous, franchement, il nous arrive de jouer des matchs avec cinq 10-15 sur le terrain. On a même parfois des centres qui peuvent jouer aussi à d’autres postes donc sincèrement, ce n’est pas ça qui fait la différence pour Thomas.

Luis Enrique a dit cette semaine s’inspirer du rugby en regardant désormais une partie du match en tribunes. Vous qui avez cette habitude, que pouvez-vous en dire ?

Tu as une vision globale du jeu, du match. Tu as moins le retour d’énergie qu’au bord du terrain, où tu as vraiment la sensation des impacts, de l’intensité du match, que tu as forcément moins en haut avec la distance. Mais par contre, tu as une vision globale du jeu, une vision globale des opportunités que tu as, des problèmes aussi que tu peux rencontrer. Puis tu as les images, les retours de la télé avec les différentes vues, donc tu peux vraiment analyser les choses de manière précise. Et moi, franchement, je suis bien en haut. Je n’ai pas forcément envie d’aller en bas parce qu’encore une fois, pour faire passer les infos, pour faire un débrief à la mi-temps, même monter quelques séquences significatives pour montrer aux joueurs, je pense que pour moi, c’est la meilleure possibilité.