Les premières réactions de Fabio Quartararo quant au V4 Yamaha ont fait lever quelques sourcils. Le Français était l’un de ceux qui réclamaient le développement d’un moteur répondant à cette architecture, ne pouvant que constater la stagnation de la marque avec son quatre cylindres historique. Mais après l’avoir découvert à Barcelone puis participé à un second test à Misano, on ne peut pas dire qu’il ait fait preuve d’un enthousiasme débordant.
Au-delà des progrès encore nécessaires, par nature importants dans un projet totalement nouveau, Quartararo a surtout refusé de s’exprimer sur le potentiel du V4 et a estimé qu’il n’était pas l’alpha et l’omega des soucis de Yamaha. « Je ne pense pas que le V4 résoudra tous nos problèmes, parce qu’on ressent les mêmes problèmes à Barcelone et [à Misano] », a souligné le champion du monde 2021.
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Pour Jack Miller, cette réaction est surtout le fruit d’une certaine impatience, qu’il comprend tout à fait après plusieurs saisons décevantes. « Je sais qu’ils font de leur mieux et je comprends sa frustration », a commenté le pilote Pramac, après avoir lui aussi évalué ce moteur. « Je comprends où il en est. Il a besoin d’une moto performante – ces choses-là prennent du temps, il faut la développer. »
« C’est une nouvelle plateforme, un tout nouveau projet. Malheureusement, en MotoGP on n’a pas vraiment le temps, mais je comprends le besoin et la volonté de son côté, parce qu’on a vu son talent. Il n’y a pas de doute à ce sujet. »
Jack Miller
Photo de: Mirco Lazzari GP – Getty Images
Les pilotes ont pointé plusieurs éléments à améliorer mais sur les choses fondamentales, Miller n’est absolument pas inquiet : « De la puissance, on peut en trouver. Ce n’est pas un souci. On va les envoyer sur le banc et s’ils y passent six fois, ils trouveront de la puissance. Le reste, on le fera fonctionner. En électronique, on a certains des meilleurs ingénieurs pour aider à réécrire le code, écrire le logiciel ou le faire fonctionner. Et pour le reste, les ingénieurs Yamaha seront là. »
Miller fait confiance à Yamaha
Il reste à savoir si ce moteur parviendra à replacer Yamaha sur la bonne voie. La marque a pris un risque en développant un moteur sans certitude de le lancer en compétition sur ses machines officielles, et même si cela devait être le cas, on sait déjà que ce ne sera que pour la saison 2026, puisqu’il faudra encore faire évoluer le moteur en 2027, avec le lancement d’un nouveau règlement qui verra une réduction de la cylindrée.
La saison 2027 verra aussi l’arrivée de Pirelli, qui pourrait développer des pneus aux exigences très différentes des gommes Michelin. « En 2015 ou 2016, Ducati envisageait de faire un quatre cylindres en ligne pour menacer Yamaha », a rappelé Miller. « Disons que les règlements ont poussé pour que les motos soient comme ça, qu’elles exploitent les forces et les faiblesses de ce pneu arrière. Et la [nouvelle] moto fait ça très bien. En termes de frein moteur, la façon de ralentir le moteur. L’échappement aide aussi, tout est lié. »
Jack Miller
Photo de: Yamaha MotoGP
L’équation semble donc fonctionner dans le contexte actuel, mais que se passera-t-il si le règlement 2027 et les pneus Pirelli font de nouveau pencher la balance en faveur d’un quatre cylindres en ligne ? Jack Miller ne s’en inquiète pas vraiment et pense que Yamaha se place quoiqu’il arrive dans une situation favorable après avoir accumulé des connaissances avec toutes les technologies.
« Au moins, on a l’expérience de tout, donc on sait vers quoi aller en moment venu. Il y a toujours un risque, c’est la course. Mais il y a aussi un risque à ne rien faire et à stagner deux années supplémentaires. On économise de l’argent mais on perd aussi du développement. »
« Ils sollicitent énormément leurs ingénieurs en ce moment mais les pilotes, les ingénieurs, quand tout le monde est poussé à ses limites, c’est la seule façon de voir de quoi on est capable. Je pense que les ingénieurs progressent, ils élargissent leur horizon, on élargit l’horizon des pilotes et au moment de changer de manufacturier, on aura fait de gros progrès. Je ne pense pas que ce sera aussi drastique. Et on récolte plus d’informations à chaque fois. »
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