Il n’y avait plus un siège de libre ce vendredi soir dans la salle David, rue Battant. Plus d’une centaine de personnes étaient venues écouter Doha Al Kahlout et Nour ElAssy , deux écrivaines de Gaza invitées par Palestine Amitié et le collectif Palestine en marge du festival Livres dans la Boucle. L’occasion d’entendre le témoignage de ces jeunes femmes, notamment sur leur rapport aux mots : écrire, c’est montrer qu’on existe, dit l’une, c’est aussi documenter ce que l’on vit, dit l’autre. Des mots qui disent l’exil, la perte et la peur, cette « ombre engloutissant ce qui reste de vie ». « Je berce un cri et pas de réponse, écrit Doha Al Kahlout. J’attends du secours, dors à l’intérieur de moi-même, et comme un point oublié, je sombre ».
Dans le public, ce samedi, certains étaient conscients qu’il y aurait eu sans doute moins d’affluence à cette soirée dédiée à la poésie gazaouie s’il n’y avait eu l’affaire « Enthoven » (c’est-à-dire les propos polémiques de l’auteur sur les journalistes à Gaza, sa déprogrammation du festival puis sa reprogrammation à la suite de la mobilisation d’une partie des auteurs et éditeurs).
Il a d’ailleurs, évidemment, été question de l’essayiste ce vendredi. L’assistance a applaudi les deux écrivains invités à Livres dans la Boucle (et présents dans la salle) à l’origine de la tribune des auteurs et éditeurs « indignés » par la venue de Raphaël Enthoven à Besançon. Dans la salle certains ont d’ores et déjà promis qu’ils seraient au Conservatoire ce samedi, là où doit intervenir l’écrivain : « On va essayer de lui expliquer notre liberté d’expression ».
Trois heures plus tôt à Chamars, devant le chapiteau de Livres dans la Boucle, une Bisontine, elle, disait haut et fort son soutien au philosophe, « scandalisée par la censure ».