C’est l’ouverture générale de la chasse, dimanche 21 septembre 2025, pour près de 10 000 détenteurs d’un permis en Ille-et-Vilaine. Régulation des sangliers, préservation des petits gibiers et sécurité sur le terrain sont parmi les priorités de cette rentrée. Entretien avec André Douard, président de la fédération départementale des chasseurs en Ille-et-Vilaine.

André Douard, la sécurité à la chasse revient chaque année dans le débat public, notamment après chaque accident. Comment agissez-vous sur ce sujet ?

C’est la priorité des priorités. D’autres concitoyens utilisent la nature, pour se balader, pour pratiquer un sport, plus que par le passé.

Les chasseurs doivent adapter leurs comportements, ça passe par la formation et l’éducation. Une remise à niveau tous les dix ans est désormais obligatoire. En Ille-et-Vilaine, 7 500 chasseurs en ont déjà bénéficié. Sinon, ils n’ont plus l’autorisation de chasser.

Après chaque accident, la fédération de chasse avec l’Office français de la biodiversité analyse ce qu’il s’est passé. L’accident mortel de mai 2025 n’aurait jamais dû arriver.

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On va demander au préfet de modifier le schéma départemental de chasse pour prévoir des obligations supplémentaires aux chasseurs concernant les modes de chasse à l’approche et à l’affût qui ont fait évoluer les pratiques et les équipements.

Utiliser une carabine semi-automatique à canon rayé, ce n’est pas la même chose qu’un fusil calibre 12 : c’est comme prendre le volant d’une voiture de sport après des années à conduire une petite citadine ! Il faut être formé.

En Ille-et-Vilaine, les dégâts liés à la prolifération du gros gibier, notamment le sanglier, sont réguliers. Est-ce le dossier en haut de la pile des priorités de la fédération de chasse ?

Cette préoccupation est nationale. La saison passée, 7 000 sangliers ont été prélevés en Ille-et-Vilaine et le montant d’indemnisation pour dégâts agricoles versés par les chasseurs aux agriculteurs a été de 600 000 €.

La fédération départementale prévoit un montant équivalent pour la saison 2025/2025, ce qui représente quand même un budget d’environ 900 000 € avec les charges de traitement des dossiers.

photo le président de la fédération départementale et régionale des chasseurs d’ille-et-vilaine, andré douard.  ©  archives ouest-france

Le président de la fédération départementale et régionale des chasseurs d’Ille-et-Vilaine, André Douard. Archives Ouest-France

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Pour les chasseurs, ça devient trop lourd, d’autant qu’ils sont beaucoup moins nombreux, environ 10 000 détenteurs du permis de chasser en Ille-et-Vilaine. Le système mis en place à partir de 1968 est à bout de souffle. L’expansion urbaine a restreint les aires sauvages propices au gibier.

Près de 30 % du territoire national ne peut pas être accessible aux chasseurs (routes, vies ferrées, proximité de lotissements ou de zones commerciales, etc…) Nous prendrons toujours nos responsabilités mais pourquoi les chasseurs devraient être les seuls à payer les dégâts du gros gibier ?

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L’urbanisation des dernières décennies et l’évolution des pratiques agricoles ont eu aussi eu des conséquences sur le petit gibier. Quelle est la situation en Ille-et-Vilaine ?

Nous avons bénéficié d’un excellent printemps. Alors certaines espèces, comme le lièvre, se portent bien, au regard des comptages effectués par la fédération. Pour beaucoup d’espèces, nous avons mis en place des quotas, pour la perdrix, par exemple, l’un des oiseaux qui a le plus souffert partout en France.

Les populations de lapins ont également chuté sévèrement, même sur la côte. Nous travaillons à la réimplantation de souches sauvages de faisans, en interdisant de les tirer pendant trois ans.

En nous appuyant sur des programmes régionaux pour la biodiversité, nous travaillons avec le monde agricole pour réaménager des talus, des haies, effectuer des diagnostics de terrain, etc… C’est propice au petit gibier et à la biodiversité en général. Mais quand un kilomètre de haies est replanté, il faut cesser d’en détruire quatre par ailleurs. Avant de réimplanter, je dis qu’il faut déjà sauver l’existant.