L’immense tapisserie, représentant la mort du connétable du Guesclin, a été épargnée par l’incendie de 1994 qui a ravagé le Parlement de Bretagne à Rennes (Ille-et-Vilaine). Elle trône toujours en majesté à l’une des extrémités de la Grand’Chambre, la salle la plus chargée en symboles et en décoration.

Tout aussi impressionnant est le mariage d’Anne de Bretagne au roi de France Charles VIII qui lui fait face. Mais, différence notoire : cette œuvre, qui a repris sa place au fond de la salle en 2017, n’est pas une tapisserie mais un « carton », autrement dit une peinture réalisée au XIXe siècle et qui a servi de modèle pour la fabrication de la tapisserie.

Cette dernière, sauvée de l’incendie de 1994, n’a pas survécu à un deuxième sinistre qui a détruit, trois ans plus tard, l’atelier de région parisienne, chargé de sa restauration. Idem pour les six grands tableaux, de retour vendredi dans la Grand’Chambre.

Les tapisseries originales ont disparu dans les flammes en 1997. Après enquête, leurs « cartons » ont été retrouvés, roulés ou pliés, dans la cave de la préfecture, les réserves du musée des Beaux-Arts ou les combles de la mairie de Rennes.

L’histoire en grande pompe

Les six tableaux de cinq mètres de haut et d’une largeur variable (entre 2, 50 m et 3 m) trônent sur les murs latéraux de la Grand’Chambre : trois d’un côté, trois de l’autre. Peints au XIXe siècle, dans un style académique, par Édouard Toudouze et Auguste Gorguet, ils racontent l’histoire de la Bretagne, en illustrant des scènes plus ou moins légendaires.

Sur l’un des « cartons », qui s’élèvent jusqu’au plafond de la salle, Jules César et son armée combattent les Vénètes en Bretagne. À côté, Jeanne d’Arc rencontre le comte de Richemont, duc de Bretagne.

En face, le visiteur reconnaît la barbe et le couvre-chef d’Henri IV qui fait son entrée dans Rennes… « On dirait presque de la bande dessinée, sourit Guillaume Kazerouni, responsable des collections d’art ancien au musée des Beaux-Arts de Rennes. L’histoire est relatée en grande pompe, en prenant quelques libertés, afin de la rendre accessible au plus grand nombre. »

Les six « cartons », sauvés de l’oubli, ont dû être restaurés avant de pouvoir être exposés. Le financement (environ 20 000 € pour chacun) a été possible grâce à la mobilisation de mécènes.

Mais, pourquoi ne pas avoir réalisé de nouvelles tapisseries à partir de ces modèles ? « Ce n’était pas intéressant, estime Guillaume Kazerouni. Au lieu de réaliser des copies contemporaines de vieilles œuvres qui n’existent plus, mieux vaut profiter de ces magnifiques cartons originaux ! »

Ces samedi et dimanche, de 9 h 30 à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h, visites gratuites du Parlement de Bretagne, dans le cadre des Journées européennes du patrimoine.