La sortie de Marine Le Pen n’a suscité aucun émoi. À propos de la proposition du premier secrétaire du PS, Olivier Faure de faire flotter le drapeau palestinien sur les frontons des mairies – qui lui a valu d’être taxé injustement d’antisémitisme – l’ex candidate à la présidentielle interprète : « Il veut ce que veut toute la gauche française et européenne, c’est-à-dire refaire des Juifs des parias ».

Sur sa lancée outrancière, elle avance même qu’Olivier Faure souhaiterait « peut-être un jour les faire partir ». Sur Europe 1 et CNews le 16 septembre, Marine Le Pen a estimé que les « propos » et « actions » de ceux qui dénoncent le génocide à Gaza « puisent leur source dans un antisémitisme d’une violence inouïe ».

Des propos graves, pour les intentions prêtées au responsable socialiste mais aussi envers les personnes juives, essentialisés et réduites dans ses mots à un soutien à la politique de Benyamin Netanyahou. Ici, personne pour qualifier ces propos d’antisémites, peu importe l’ADN de son parti, cofondé par le Waffen SS Pierre Bousquet et longtemps incarné par le plus grand promoteur de l’antisémitisme en France, Jean-Marie Le Pen.

C’est sans doute pour effacer cette histoire que le Rassemblement national ne démord jamais de son soutien inconditionnel à Israël – où Jordan Bardella a même été invité, en mars -, quand bien d’autres responsables politiques ont fini par ouvrir les yeux face à l’ampleur des massacres. Pour le député Julien Odoul, le RN et le gouvernement d’extrême droite israélien partagent en outre « une défense commune de notre civilisation dans la lutte contre le terrorisme ».

Un chantage à l’antisémitisme encore présent

En bientôt deux ans de génocide, Marine Le Pen comme Jordan Bardella n’ont témoigné leur émotion envers les plus de 64 000 morts à Gaza qu’à une seule reprise, le 17 juillet, quand une église catholique a été bombardée, tuant deux personnes. Ce que même Benyamin Netanyahou a dit « regretter ».

Opposée à la reconnaissance de la Palestine, Marine Le Pen estime de plus que celle-ci intervient à un « moment catastrophique ». Un avis partagé, à droite, de Gabriel Attal à Éric Ciotti. Preuve que la prise de conscience, en France, reste mesurée.

Côté macroniste, le député Sylvain Maillard a même fait la tournée des plateaux, ces derniers jours, pour dire son opposition à Emmanuel Macron sur ce point. L’élu Renaissance poursuit aussi le chantage à l’antisémitisme, pourtant plus discret ces derniers mois dans le camp présidentiel.

« Pourquoi il y a l’arrêt de la Vuelta et des manifestations ? a-t-il interrogé le 19 septembre sur France Info, à propos des manifestants qui ont perturbé plusieurs étapes du Tour d’Espagne en raison de la présence de l’équipe Israël-Premier Tech, dont le dirigeant, Sylvan Adams fait l’éloge du génocide. Parce qu’il y a une équipe sponsorisée par Israël. La volonté de vouloir effacer un État, quelle que soit la politique suivie par l’État, cela s’appelle de l’antisémitisme. »

La mauvaise foi d’Éric Ciotti

La situation est semblable chez Les Républicains, où le soutien à Israël demeure mais n’est plus « inconditionnel ». Le parti refuse désormais « d’approuver la politique de Benyamin Netanyahou à Gaza, qui doit mettre fin au blocus humanitaire » mais s’oppose à la reconnaissance qui selon lui « donnerait une victoire au Hamas, organisation terroriste alors même que les otages ne sont pas libérés », explique la formation dans un communiqué du 25 juillet.

Son président, Bruno Retailleau, est plus virulent. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire continue à considérer qu’« Israël est dans son bon droit et doit pouvoir se défendre ». En mars dernier, il était également, aux côtés de Manuel Valls notamment, la vedette d’un meeting intitulé « Pour la République… La France contre l’islamisme » organisé par le lobby pro-israélien Elnet. Un événement officiellement « dédié au renforcement des relations entre la France, l’Europe et Israël » lors duquel Bruno Retailleau avait scandé « A bas le voile ».

Ces derniers jours, le Vendéen a aussi intimé les préfets d’interdire l’installation de drapeaux palestiniens sur la façade des mairies. Éric Ciotti, qui a quitté Les Républicains en 2024 pour devenir l’allié de Marine Le Pen, considère de la même façon que « le seul drapeau qui a sa place c’est celui de la République française ».

Problème : en octobre 2023, il se félicitait dans un tweet que « le drapeau israélien flotte devant le conseil départemental des Alpes-Maritimes ». Insensible, à l’instar du RN, aux massacres à Gaza, Éric Ciotti est en outre farouchement opposé à la reconnaissance de l’État de Palestine et estime que « le chef de l’État n’a plus aucune légitimité pour engager la France sur un sujet aussi sensible ». « C’est au Parlement de se prononcer », ajoute-t-il. Problème, encore : lorsqu’en 2014 les députés ont voté pour la reconnaissance, il considérait que la question n’était « pas de la compétence de l’Assemblée nationale »…

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