Des prothèses dans la valise… Les militants de l’association France Cuba Marseille 13 se sont mobilisés sur le Vieux-Port ce samedi 19 avril dans le cadre d’un appel européen de lutte contre le blocus mis en place par les États-Unis depuis le 3 février 1962, avant de s’envoler pour l’île sud-américaine ce mardi 22 avril. Dans leurs bagages, ils embarqueront des médicaments, des lampes, des pièces détachées et donc, des prothèses quand affréter un conteneur reste pour le moment « très compliqué » explique la présidente de l’association, Nicole Giraudi.

D’Obama à Biden, rien n’a vraiment changé, estime-t-elle, « cela s’est même aggravé car même les mouvements bancaires sont impossibles et les gens exilés ou qui ont fait leur vie ailleurs ne peuvent même plus soutenir leurs familles » poursuit Nicole. Un empêchement qui s’ajoute à celui des entreprises. « Tout est ralenti, les bateaux ne peuvent plus accoster, les avions ne peuvent plus atterrir » raconte l’associative.

Le retour de Trump pour un second mandat n’a évidemment pas arrangé les choses. En janvier, « trois jours avant la fin de son mandat, Joe Biden avait enlevé Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme. Donald Trump l’a tout de suite réhabilité », s’indigne-t-elle. Le président américain rétablissant au passage des sanctions financières contre plusieurs entités cubaines.

Résultat, les Cubains manquent, encore plus, de tout. « Ils ont appris à se débrouiller mais il arrive un moment où ce n’est plus possible » se désole Nicole, revenant notamment sur l’approvisionnement en médicaments. « Le traitement pour les enfants atteints de tumeurs au cerveau, alors que les médecins cubains sont à la pointe sur le sujet, c’est 300 dollars la plaquette parce qu’il faut le faire venir d’Inde » affirme-t-elle. Et de citer aussi la dégradation des centrales électriques, car « Alstom ne peut plus fournir les pièces. »

Après la 19e édition de la rencontre continentale européenne de solidarité avec Cuba les 22 et 23 novembre derniers à Paris, pas moins de 108 associations œuvrant depuis la France, l’Italie, la Belgique, l’Allemagne ou encore la Suisse, cette journée de lutte a été décidée.

« Avec Trump, on est étonné de rien »

« Nous recueillons des signatures pour les transmettre aux parlementaires européens, d’ici mi-juin, pour qu’ils fassent pression à leur niveau » détaille Nicole. Justement Nathalie, qui habite à la Plaine (5e) dégaine volontiers le stylo. « Avec Trump, on est étonné de rien mais ce blocus, depuis aussi longtemps, c’est un truc de fou » commente-t-elle.

Une souscription a été aussi lancée pour permettre le séjour cet été de trois jeunes des Bouches-du-Rhône au sein des brigades « José Marti », du nom du héros national cubain qui a permis le soulèvement général contre l’Espagne et la libération de sa patrie. « Un grand écrivain cubain qui a structuré la conscience politique des Caraïbes » ajoute Jean-François Gast, secrétaire de l’association. Pour ce dernier, au-delà de la solidarité, établir des ponts avec Cuba est aussi et surtout l’occasion d’un partage d’expériences. Médecine, écologie, agriculture urbaine, production de miel sans pesticide… « Ils sont en avance sur plein de domaines, comme l’aménagement du littoral en prévision de la montée des eaux, un projet à 50 ans, commencé il y a 10 ans » témoigne l’associatif. Également dans les tuyaux, un jumelage entre le parc naturel de Camargue et celui de Cienfuegos d’ici à 2026.