À Marseille, on le sait. Ici, il y a plus de chance de performer en Ligue des champions que de gagner celui des meilleures pistes cyclables. Le palmarès 2025 des villes cyclables, tout juste publié par la Fub (Fédération française des usagers de la bicyclette), l’atteste encore : la ville pointe toujours à la 37e et dernière place des plus grandes villes de France. Sur le podium : Grenoble, Strasbourg et Rennes. Devant Marseille, de nombreuses communes déroulent des plans d’aménagement, tracent des voies, développent des services et progressent par rapport au dernier classement de 2021. 

L’enquête participative a rassemblé 334 000 contributions (dont 3 000 marseillaises)  et s’est déroulée autour de cinq axes : la sécurité du déplacement; le confort du trajet (entretien, signalisation, etc.); les efforts des collectivités pour améliorer la situation ; l’équipement en stationnement vélo et services essentiels (réparation, entretien, etc.) et le ressenti général. La moyenne de ces notes allant de 0 à 5 permettant ainsi d’établir le classement. « Avec une moyenne de 2,29, Marseille se retrouve en 2 529e position sur 2 646 communes, toutes tailles confondues », se désole Cyril Pimentel, du collectif Vélos en ville. L’association, qui fêtera samedi ses 29 ans, avait convié la presse, ce vendredi, dans son local de la rue Moustier (1er). Le classement n’est pas une surprise pour ces aficionados du deux roues mais une nouvelle occasion pour tenter de changer les lignes : « La question du vélo en ville, comme celle des déplacements, reste un choix politique mais n’a pas de couleur politique, pose le président du collectif, Christophe Monnier. Les Marseillais devraient avoir le choix de leur mode de déplacement, aujourd’hui ils ne l’ont pas. C’est pourquoi, à quelques mois des élections municipales, j’appelle tous les candidats à la mairie de Marseille à se positionner. »

Seuls 20 km de pistes cyclables ont été réalisés sur les 85 prévus pour 2024

Les militants taclent le réseau de transports en commun qui ne dessert pas toute la ville, la saturation automobile et surtout ce Plan vélo annoncé par la Métropole en 2019 (8 lignes priorisées et un réseau secondaire programmés) qui reste à plat. Sur les 85 km prévus pour 2024 (130 en 2030), « seuls 20 km ont été réalisés. Et un tiers seulement est conforme au propre cahier des charges de la Métropole », relève Amaury Heurtaut pour le collectif. Parmi les points noirs, des ruptures de piste, des voies vertes sur les trottoirs, des pistes qui se transforment en stationnement de véhicules faute de signalétique, des aménagements disparus, des largeurs règlementaires non respectées, et puis, le manque d’entretien, les obstacles sur les trajets, les carrefours dangereux non aménagés… Des exemples, Vélos en ville n’en manque pas. « Mais le plus rageant, ce sont les projets qui se réalisent encore aujourd’hui sans respecter la loi, sans réflexion. Comme c’est le cas de la place Castellane, un nœud modal qui concentre tous les points noirs. Tram coincé dans les embouteillages, cyclistes sur la place piétonne… On avait alerté les services de la Métropole pourtant mais cette place est un vrai trou dans la raquette comme le boulevard Baille, le Prado ou le Vieux-Port… », soupire Cyril Pimentel.

Le collectif avait déposé un recours devant le tribunal administratif, la onzième bataille juridique portée par les bénévoles. « Sur ce dossier, le juge nous propose une médiation. Affaire à suivre », lâche le militant. 

Si la Métropole endosse la responsabilité des aménagements de voirie, le collectif ne minimise pas le rôle de la Ville (circulation limitée à 30 km/h, verbalisation des stationnements anarchiques, respect des arrêtés…). Alors pour « éviter les contre discours des politiques » et pour plus de « transparence », les activistes de la bicyclette proposent à tous les Marseillais de suivre en temps réel l’avancée du Plan vélo métropolitain sur un site dédié (observatoire.velosenville.org). « Aujourd’hui, on n’a plus le choix, il faut avancer, lâche le président du collectif, Christophe Monnier. La dernière place du classement n’est pas une fatalité. »