Des baskets, des ballerines, des espadrilles… ont été disposées à intervalles réguliers sur la place Kléber à Strasbourg. Ces chaussures, prêtées par des associations caritatives qui les ont collectées, se veulent un hommage aux victimes tuées à Gaza depuis le début des bombardements israéliens.

« Le bilan officiel fait état de 64 000 morts »

« Bien entendu, on ne peut pas mettre autant de chaussures qu’il y a de morts, souligne Hervé Gourvitch, porte-parole du collectif Palestine 67. Le bilan officiel fait état de 64 000 morts mais ce ne sont que ceux qui ont pu être identifiés et enregistrés à l’état civil. Sous les décombres, il y a sans doute encore des familles entières. »

Sur les pavés gris strasbourgeois ce samedi 20 septembre, les souliers s’étalent à n’en plus finir. Des noms sont parfois posés à côté. Une petite paire de tennis turquoise rappelle la vie fauchée dans un bombardement d’Arwa, 4 ans. Des bottines bordeaux celle d’Ibtisam, 43 ans. Un doudou couché sur une paire de sandales rend hommage à Alma, 3 ans.

« On ne peut pas être insensible »

« Ça soulève des questionnements, commente une dame à vélo qui s’est arrêtée pour faire des photos. On a rarement vu la place comme ça. » Émue, elle laisse un instant de silence : « J’ai aussi des amis juifs et on ne peut pas être pour l’un ou pour l’autre. Mais quoi qu’on en pense, on ne peut pas être insensible. »

« C’est choquant », considère Marwan, un jeune Marocain, venu en France pour ses études d’ingénieur. « C’est choquant à voir, répète-t-il. Je n’imagine pas ce qu’ils doivent ressentir là-bas. » Comme un infime aperçu, des sons de sirènes d’alertes et de bombardements s’échappent d’un haut-parleur, au pied de la statue du général Kléber.

« Une autre façon d’interpeller »

Des photos d’enfants faméliques, intubés ou morts ont été exposées sur les fontaines de la place. Des photos de journalistes tués s’étalent un peu plus loin. « On voulait changer des manifestations que nous organisons toutes les semaines ou tous les quinze jours. C’est une autre façon d’interpeller les gens », espère Hervé Gourvitch.

À partir de 13 h ce samedi 20 septembre, le collectif Palestine 67 propose une lecture publique des noms des enfants tués par l’armée israélienne. Un espace participatif proposera des ateliers créatifs (peinture sur galets, fabrication de petits bateaux) en soutien à la flottille pour Gaza.