En quatre saisons diffusées sur M6 depuis 2022, les loyaux ont toujours échoué à remporter « Les Traîtres ». « Dans les versions étrangères, les victoires sont, d’une saison à l’autre, un peu plus équilibrées, et les loyaux s’imposent en gros une fois sur deux. Je ne sais pas si ce constat signifie qu’en France, on est d’excellents menteurs », plaisante Mathieu Chalvignac, le producteur du jeu. Et de préciser que l’édition « Nouvelle génération », avec un casting de créateurs de contenus, réalisée pour la plateforme M6 + a cependant montré que les loyaux pouvaient triompher.
La saison 5, en cours de diffusion, les samedis, dès 21h10, sur M6, verra-t-elle enfin les traîtres déconfits ? « Quand on commence la production, on n’est pas pour un camp ou un autre, assure Mathieu Chalvignac. Mais cette année, on s’est quand même demandé comment mettre les traîtres en difficulté. »
« Nous-mêmes, en tant que producteurs, on se met en danger »
« C’est vrai que les traîtres sont le drive du programme : pas de traîtres, pas d’émission. Mais on a voulu les mettre en danger, sur un fil, pour que, s’ils sont si forts que ça, on puisse voir jusqu’à quel point, souligne David Warren, directeur des programmes de Studio 89. Nous-mêmes, en tant que producteurs, on se met en danger, c’est ça qui est excitant. »
Cela a commencé dès la désignation des rôles de chaque candidat. Jusque-là, Eric Antoine circulait autour de la table du conseil où prenaient place, les yeux bandés, les participants, afin de sélectionner les traîtres en leur touchant l’épaule. Pour cette cinquième édition, changement de programme : l’animateur les a choisis… en ne les touchant pas. Autrement dit, toutes les personnalités qui ont ressenti une pression sur l’épaule rejoignaient en réalité l’équipe des loyaux.
« Cette nomination inversée est une idée de nos homologues néerlandais, mais là-bas, ils annoncent le twist avant que les joueurs retirent leurs bandeaux. Nous, on a décidé d’attendre qu’ils enlèvent leurs bandeaux pour annoncer cet élément. On s’est dit que cela allait les perturber : « J’ai été touché ? Pas touché ? Ah en fait, je suis traître… » On a donc pris le risque que les traîtres soient trahis par une attitude désarçonnée et démasqués au bout de cinq secondes », raconte Mathieu Chalvignac.
« On pensait que cela allait être compliqué pour Anne-Elisabeth Blateau »
Autre exemple : peu après avoir été désignée comme traître, la comédienne Anne-Elisabeth Blateau a été mise au défi de découvrir l’un de ses comparses lors d’un cocktail réunissant tous les candidats. Sa mission était accomplie si elle parvenait à trinquer avec un participant qu’elle soupçonnait d’être dans le même camp qu’elle en lui disant « Aux traîtres ! » et si l’autre lui répondait « Que le meilleur gagne ». Là encore, il s’agissait de compliquer la tâche des traîtres et donc de faciliter celle des loyaux.
Le choix des traîtres n’a pas non plus été laissé au hasard par la production. « L’an passé, on a sélectionné Sophie Tapie comme une évidence, en sachant que ça allait être un spectacle, confie Mathieu Chalvignac. Pour la saison 5, on savait qu’Anne-Elisabeth était quelqu’un de très angoissé, donc qu’elle pouvait nous offrir un spectacle de stress… Franchement, on peut le dire, sur le papier, on pensait que cela allait être très compliqué pour elle, mais on a vu qu’elle est une comédienne exceptionnelle… »
Ironie de l’histoire, en trois soirées de diffusion, Anne-Elisabeth Blateau est, avec Danielle Renault, la traître qui est la moins soupçonnée par les loyaux qui ont fini par démasquer Fabien Olicard. Pour Camille Cerf, traître également, la suite de la partie s’annonce compliquée. A moins qu’elle réussisse, avec ses alliées, à dissiper le danger autour d’elle, réussissant à prouver que les traîtres, en France, sont imbattables.