Il était le tout premier visiteur, samedi 10 décembre 2016 lors de l’inauguration du Centre international de l’art pariétal, plus connu sous le nom de Lascaux IV.
Près de neuf ans plus tard et après trois millions de visiteurs qui lui ont emboîté le pas, l’ex président de la République, François Hollande, est revenu à Montignac-Lascaux (Dordogne). En voisin.
Un déplacement surprise et discret que le désormais député de Corrèze a effectué pour assister à la remise d’un prix prestigieux au cabinet d’architecte Snøhetta : le prix du fonds Houen (1), l’une des principales distinctions norvégiennes dans le domaine de l’architecture et de la construction, créé en 1891, par l’homme d’affaires Anton Christian Houen (1823-1894).
« En créant les installations de Lascaux, les architectes de Snøhetta ont mis en valeur un patrimoine unique »
« En créant les installations de Lascaux, les architectes de Snøhetta ont mis en valeur un patrimoine unique, jouant à la fois sur le paysage et les matériaux, qu’ils soient en surface ou souterrains », a salué le jury, qui a décerné le prix en 2023. L’instabilité gouvernementale en France a conduit à n’organiser cette cérémonie que deux ans plus tard.
Germinal Peiro et François Hollande recherchent la plaque du 10 décembre 2016 commémorant l’inauguration de Lascaux IV et sur laquelle leurs noms sont gravés.
David Briand
Alexandrie et Oslo
Une forte délégation norvégienne a fait le déplacement, au premier rang de laquelle figurait la ministre de la Culture et de l’Égalité, Lubna Jaffery. Elle a félicité son compatriote Kjetil Trædal Thorsen, cofondateur de l’agence, qui a reçu ce prix prestigieux pour la troisième fois, après l’avoir obtenu pour la bibliothèque d’Alexandrie, en Égypte et l’opéra d’Oslo. Le cabinet avait été retenu fin 2012 parmi les 90 candidatures que le projet avait suscitées, dont celles de l’atelier Jean-Nouvel, l’enfant du pays qui a grandi à Sarlat.
Une agence qui dispose de sept bureaux dans le monde dont un à Paris et qui emploie 25 architectes. Parmi ses projets en cours, le théâtre des Amandiers à Nanterre ou la Cour nationale du droit d’asile à Montreuil, après la réalisation du nouveau siège du journal « Le Monde ».
Faille géologique
Long de 250 mètres et haut d’une quinzaine de mètres, le bâtiment doit être vu comme une faille géologique, une incision au pied de la colline boisée et préservée, qui abrite la grotte originelle. Tandis que de l’autre côté s’étend une plaine agricole que l’on peut admirer à travers les larges baies vitrées de la façade.
« C’est comme si on pratiquait une incision dans la terre en soulevant le pied de la colline et qu’on le refermait », apprécie un connaisseur.
Long de 250 mètres et haut d’une quinzaine de mètres, le bâtiment doit être vu comme une faille géologique.
Illustration Michel Faure
« Chaque extrémité rejoint la terre », explique Kjetil Trædal Thorsen, en ajoutant que le bâtiment était conçu pour être en « immersion avec le paysage ».
Une vision qui sera détaillée dans un livre attendu en 2026 pour le 10e anniversaire de Lascaux IV. En attendant, la notoriété de ce prix pourrait favoriser la venue d’une clientèle scandinave, un public justement ciblé par les offices de tourisme du Périgord noir.
(1) Le prix est conféré à des architectes norvégiens ou à des étrangers qui œuvrent en Norvège
Fréquentation
Navire amiral de la Semitour qui gère le site, Lascaux IV accueille 370 000 visiteurs par an. Il convient d’ajouter les 70 000 qui se pressent dans la réplique Lascaux II, ouverte en 1983 et qui se visite toujours.