“En plus d’être brève”, la trêve de Pâques proposée samedi par le président russe Vladimir Poutine et acceptée par son homologue Volodymyr Zelensky “a été symbolique”, constate La Vanguardia. De fait, les deux parties se sont “mutuellement accusées de violer l’accord” et la trêve, qui s’est achevée dimanche soir à minuit, n’a pas été prolongée. “Donc, sauf contre-ordre, peu ou rien n’a changé : la guerre continue”, observe le titre catalan.

“Encore une tentative de cessez-le-feu ratée, qui souligne la cruauté d’une guerre qui n’en finit pas”, abonde El País. “Et ce, malgré des dizaines de réunions, voyages et appels à la négociation, organisés depuis que les États-Unis ont entamé des pourparlers en vue d’un éventuel processus de paix il y a 70 jours”.

Selon les déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky, rapportées par The Kyiv Independent, la Russie aurait violé la trêve pascale “près de 3 000 fois” depuis son entrée en vigueur samedi à 18 heures (heure locale). L’armée de Kiev a signalé 96 attaques russes contre des positions ukrainiennes, 1 882 bombardements et 950 utilisations de drones.

“Au final, sur toutes les positions principales du front, la Russie n’a pas tenu sa propre promesse”, a déclaré M. Zelensky, accusant le Kremlin d’avoir organisé une opération de “relations publiques”.

Numéro de duettistes Poutine-Trump

Le ministère russe de la Défense a déclaré pour sa part avoir “repoussé” les assauts de l’Ukraine et a accusé Kiev d’avoir lancé des centaines de drones et d’obus sur les positions russes pendant la trêve pascale.

Aucun média indépendant n’a pu vérifier les affirmations des parties belligérantes.

Pour un expert interrogé par le Washington Post, M. Poutine a décrété sa “brève trêve pascale” dans le seul but de “renvoyer la balle dans le camp adverse”. Car “Une bataille de propagande fait rage entre Moscou et Kiev, les deux camps s’accusant mutuellement d’être responsables de la poursuite du conflit”, déclare-t-il. “Mais c’est une comédie pour un seul spectateur : Donald Trump”.

De fait, dès samedi, une grande partie de la presse internationale soulignait déjà que la décision du président russe semblait destinée à démontrer que Moscou était toujours ouvert aux négociations de paix et à donner des gages à l’administration Trump, qui commençait à montrer des signes d’impatience.

“L’administration Trump est résolument du côté de la Russie dans les négociations de paix. Ainsi, une offre soudaine du Kremlin d’un cessez-le-feu unilatéral aura été bien accueillie par la Maison-Blanche et s’inscrit dans le numéro de duettistes Poutine-Trump”, remarque The Independent. Dans cette dynamique, “Trump feint d’être contrarié par Poutine, qui apaise son irritation par un geste sans conséquence concrète sur la guerre qu’il a déclenchée”.

Pas de prolongation de la trêve

De son côté, “l’Ukraine est largement à la merci des décisions de l’administration Trump, si elle veut obtenir une aide américaine supplémentaire”, observe le New York Times. Il fallait donc voir “un signal clair adressé à Washington” dans le fait, pour M. Zelensky de répéter “à plusieurs reprises ce week-end que l’Ukraine souhaitait prolonger la trêve de Pâques de 30 jours”, estime le quotidien américain.

Mais Moscou a fait la sourde oreille. Dimanche soir à minuit, la trêve pascale “est arrivée à expiration” et le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a précisé que Vladimir Poutine “n’avait pas ordonné sa prolongation”, a rapporté l’agence Tass.

Cela n’a pas empêché Donald Trump de poster dimanche un bref message sur son réseau Truth Social, dans lequel il dit espérer “un accord cette semaine” entre la Russie et l’Ukraine, sans plus de détails, écrit The Guardian.

La BBC, quant à elle, ne s’interdit pas une forme d’optimisme, soulignant que la trêve de Pâques du Kremlin “a été une surprise”. Ce cessez-le-feu “pourrait-il se transformer en quelque chose de plus substantiel, de plus complet ? ”. Et “Poutine pourrait-il être convaincu que le moment est venu de conclure un accord ? ”.

“C’est difficile à imaginer pour l’instant”, concède le diffuseur britannique. Mais “en matière de diplomatie, nous ne sommes pas au courant de toutes les discussions à huis clos ni des détails des accords potentiels en cours de discussion. Nous avons tendance à ne voir que la partie émergée de l’iceberg, ce qui laisse la porte ouverte à d’autres annonces inattendues”.