Jusqu’à présent, le Venezuela avait plutôt fait profil bas face au déploiement de l’armada américaine dans les Caraïbes, sous couvert d’une mission de lutte contre le narcotrafic. Mais cette semaine, le gouvernement de Nicolás Maduro a décidé de montrer ses muscles en mobilisant 12 navires et 22 aéronefs dans ses eaux territoriales, ainsi que 2 500 soldats qui ont débarqué sur l’île de La Orchila (au nord du pays), indique le média vénézuélien Efecto Cocuyo.

Une manœuvre qui sonne comme une réponse aux frappes américaines contre au moins trois hors-bord en provenance du Venezuela, transportant prétendument de la drogue et coulés en pleine mer, avec un bilan de 17 morts. Vendredi 19 septembre, rapporte The Miami Herald, le président américain Donald Trump a de plus publié, sur sa plateforme Truth Social, une nouvelle vidéo montrant ce qu’il a présenté comme une frappe qui a, selon lui, tué trois “narcoterroristes” sur un bateau transportant de la drogue à destination des États-Unis. Sans préciser s’il venait du Venezuela.

Dans la région, des ONG et certains gouvernements considèrent ces actions comme des “assassinats” sans autre forme de procès. Le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino, parle, lui, de “guerre non déclarée”, relève CNN. Caracas a ainsi décidé de réagir et conduit, du 17 au 19 septembre sur l’île de La Orchila, des exercices militaires baptisés “Caraïbes souveraines 200”. À grand renfort de propagande comme le montre cette vidéo.

Maniobras de Campaña “Caribe Soberano 200”.

Un rapport de force inégal

De leur côté, les États-Unis ont commencé à déployer dix avions de chasse F-35 à Porto Rico afin de prêter main-forte aux huit navires et au sous-marin nucléaire américain qui patrouillent déjà la région. Pour autant, l’envoyé spécial de Trump pour le Venezuela, Richard Grenell, continue de croire que “la guerre peut être évitée”, note CNN.

Malgré les bravades du Venezuela, le rapport de force entre les deux pays reste profondément inégal, analyse le journal péruvien El Comercio. Les avions de chasse F-16 dont dispose Caracas (achetés aux États-Unis en 1983) sont vieux.

“Dans un scénario hypothétique de confrontation, les F-35 américains auraient un avantage écrasant sur les F-16 vénézuéliens.”

Plus globalement, l’armée vénézuélienne est minée, comme le pays, par des années de crise économique. Le pouvoir s’échine malgré tout à faire bonne figure. L’Assemblée nationale a ainsi adopté un traité d’association stratégique avec la Russie, avec qui Caracas a déjà noué d’importants accords militaires par le passé, écrit El País América. Le gouvernement arme aussi les civils qui se sont portés volontaires lors des journées de mobilisation de ces dernières semaines. Le président Nicolás Maduro parle de millions de miliciens quand les chiffres généralement avancés pour cette milice tournent autour de 20 000 hommes.