Chaque année, les Archives reçoivent entre 500 et 800 documents de plus. Certains sont nettoyés, analysés puis rangés sur les tablettes métalliques tandis que d’autres, trop abîmés, partent pour une restauration dans le Limousin.

/ Photo Gilles Bader

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Au 10 rue Clovis-Hugues, les registres paroissiaux du XIIe siècle rencontrent les états civils des années 50. Dans les magasins des Archives municipales de Marseille, les livres cornés et feuilles fanées s’entassent sur les étagères métalliques.

Certains magasins regorgent d'états-civils, d'autres conservent parchemins en latin, articles de presse et affiches, comme celle de l'Exposition coloniale de 1906.Certains magasins regorgent d’états-civils, d’autres conservent parchemins en latin, articles de presse et affiches, comme celle de l’Exposition coloniale de 1906. / Photo Gilles Bader

Actes de naissance, cadastres, cartes postales… « Derrière chaque document administratif se cache une histoire », précise le directeur Olivier Luth. Les Archives municipales recueillent 1,8 million de pages d’état civil datant du XVIe au XXe siècle. En plein cœur du quartier de la Belle-de-Mai (3e), ces 19 km d’archives dorment dans une partie de l’ancienne Manufacture des tabacs, construite en 1868.

Connaître son histoire et celle de son quartier

Dans les années 90, l’histoire de la Manufacture prend fin pour laisser place à une friche industrielle. La Ville en achète une partie pour y installer un pôle patrimonial avec les Archives municipales. Mais l’histoire est bien plus ancienne. Dès le XIIIe siècle, la Ville tente de préserver ces documents. Après plusieurs déplacements, les archives trouvent refuge dans le nouvel hôtel de ville conçu par Gaspard Puget en 1673, où elles resteront près de trois siècles.

Des déménagements tumultueux et une Révolution française plus tard, ces archives sont aujourd’hui conservées en sous-sol dans les magasins de la Belle-de-Mai. « Ce n’est pas par plaisir que nous conservons. C’est pour les mettre à disposition des Marseillais, pour qu’ils connaissent l’histoire et les secrets de leur famille », précise Olivier Luth en tournant délicatement les pages d’un manuscrit du XVIe siècle.

Conserver, collecter, communiquer et valoriser les vestiges du passé. À l’étage, dans la salle de lecture, une modeste bibliothèque occupe l’espace. Ouverte en novembre dernier, « elle accueille des ouvrages dédiés aux mémoires et à l’architecture », précise Olivier Luth, brisant le silence monacal des lieux. Vers une architecture de Le Corbusier, La Belle-de-Mai de Mathilde Ramadier et Élodie Durand… « On est déjà à plus de 300 prêts », se réjouit la bibliothécaire qui range soigneusement les ouvrages.

Dans la salle de lecture, la bibliothèque occupe l'espace. Depuis novembre 2024, plus de 300 ouvrages ont été empruntés.Dans la salle de lecture, la bibliothèque occupe l’espace. Depuis novembre 2024, plus de 300 ouvrages ont été empruntés. / Photo Gilles Bader

Plus loin, des pièces de monnaie occupent le Cabinet des médailles. Ici, 50 000 monnaies, médailles, jetons et décorations de l’Antiquité à l’époque contemporaine tapissent les étagères.

Conserver, collecter et valoriser pour sensibiliser

Deux étages plus bas, après quelques couloirs sinueux que seuls les archivistes connaissent, les magasins se dévoilent. Ici, les documents sont passés au peigne fin. Dépoussiérer, vérifier leur état, « c’est un véritable travail de fourmi », précise Benoît Jegouzo, archiviste passionné. Chaque année, il reçoit entre 500 et 800 documents de plus. Certains sont nettoyés, analysés puis rangés sur les tablettes métalliques tandis que d’autres, trop abîmés, partent pour une restauration dans le Limousin. « On y fait très attention. La température de la pièce et le taux d’humidité sont réglés au degré près », ajoute-t-il.

"Ce n'est pas par plaisir que nous conservons. C'est pour les mettre à disposition des Marseillais, pour qu'ils connaissent l'histoire et les secrets de leur famille", précise Olivier Luth en tournant délicatement les pages d'un manuscrit du XVIe siècle.« Ce n’est pas par plaisir que nous conservons. C’est pour les mettre à disposition des Marseillais, pour qu’ils connaissent l’histoire et les secrets de leur famille », précise Olivier Luth en tournant délicatement les pages d’un manuscrit du XVIe siècle. / Photo Gilles Bader

Certains magasins regorgent d’états civils, d’autres conservent parchemins en latin, articles de presse et affiches comme celle de l’Exposition coloniale de 1906. Des documents qui gardent la mémoire de l’histoire de Marseille et qui restent essentiels dans le rôle de transmission que revêt ce lieu. Chaque année, les locaux sont rythmés par deux expositions. Dans deux salles éclairées au néon, les cartes et photographies du territoire parlent tantôt de l’Opéra de Marseille, tantôt des migrations italiennes. Le 6 décembre prochain, l’exposition « Littoral » ouvrira ses portes aux Marseillais pour questionner le rapport au trait de côte et à la Méditerranée.