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Rédaction Paris

Publié le

21 sept. 2025 à 7h36

Après deux vols en quelques mois à peine, Anatole a pris le taureau par les cornes : finies les places de stationnement en pleine voirie. L’artisan a quitté Alfortville pour un pavillon doté d’un terrain clos à Limeil-Brévannes. L’expert en bâtiment est maintenant sûr de retrouver ses ridelles (un plateau basculant à l’arrière d’une benne) sur ses utilitaires chaque matin. Il était temps, car le jeu commençait à lui coûter cher. Chaque ridelle volée a représenté une dépense de 800 euros de sa poche…
Alors que les services de police de Paris ont observé une légère décroissance du « vol d’accessoires sur véhicules » sur les huit premiers mois de l’année dans le Val-de-Marne (1613 faits enregistrés, -6,33 %), la situation en Île-de-France ne demeure guère brillante. Différents modèles de voitures servent littéralement de banques d’organes.

Pas un jour ne passe sans qu’un citoyen ne vienne porter plainte après avoir retrouvé sa voiture partiellement démontée. Le patron d’une société de location de véhicules à double commande d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, a, par exemple, récemment communiqué sur les vols à répétition dont ont été l’objet ses Citroën C3 : les banquettes arrières ne cessent de disparaître. Mais la mode semble évoluer rapidement au sein des voleurs de pièces détachées : « Les accessoires les plus représentés dans les vols sont les batteries électriques, roues, pots catalytiques, rétroviseurs et optiques », indiquent ainsi les forces de l’ordre.

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Dans ce juteux business, les malfrats ne s’intéressent en rien aux batteries de 12 volts présentes dans tous les véhicules. Ce sont en réalité les batteries de traction des véhicules hybrides – nettement plus puissantes et chères – qu’ils convoitent. Les modèles de véhicules visés sont divers, même s’il semble que les Toyota sont particulièrement prisées des voleurs.

Située sous la banquette arrière dans le cas d’un Toyota CH-R, une batterie de traction d’occasion se revend entre 500 euros et 1 200 euros sur un site d’annonces bien connu. Le problème est que les voleurs ne font pas que subtiliser la batterie. Outre l’effraction pour pénétrer le véhicule, ils arrachent aussi généralement tout le câblage à haute tension qui court depuis la batterie. Or, refaire un faisceau arraché à la sauvage sur un Toyota CH-R coûte une fortune, environ 2000 euros.

Le problème est devenu tellement aiguë en Seine-et-Marne ou encore dans l’Essonne que la mairie de Massy-Palaiseau a organisé une réunion publique sur le vol d’accessoires le 26 mai dernier. Le député local, le socialiste Jérôme Guedj, s’en est ému pour sa part auprès du ministère de l’Intérieur via une question écrite. Il tenait à en apprendre plus sur ce fléau. Le ministère lui a répondu par écrit le 9 septembre. « Ces équipements sont notamment dérobés de façon sérielle par des groupes criminels organisés itinérants des pays de l’Est pour répondre à une demande spécifique, tant à l’étranger qu’auprès de garages peu scrupuleux sur le territoire français », a notamment fait savoir la place Beauvau.

En France, un vol de pièces détachées de voiture a lieu toutes les trois minutes, selon des chiffres révélés à la fin de l’été par le dernier bulletin du service statistique ministériel de la Sécurité intérieure.

Arnaud Murati

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