Une absence très remarquée. Celle de Gaël Perdriau à l’inauguration vendredi de la Foire de Saint-Étienne (Loire). Laissant ce jour-là le terrain libre à ses opposants qu’il pourrait retrouver dans la course des municipales. Ou pas. Car la participation aux élections du maire (ex-LR) de la 14e ville de France est suspendue au procès qui va se dérouler cette semaine à Lyon (Rhône) et dans lequel il figure sur le banc des accusés avec sept autres prévenus. Même s’il nie en bloc ce qui lui est reproché…

À Saint-Étienne, impossible de ne pas être au courant de l’affaire de la sextape, tant la ville y est engluée depuis trois ans. Au-delà du département de la Loire, l’histoire a aussi fait grand bruit. Il faut dire que le scénario et les acteurs du « kompromat » sont incroyables.

Écarter son potentiel rival

Rembobinons le film… Il est 13 heures ce 26 août 2022. Le site d’informations Mediapart publie une enquête —avec témoignages et enregistrements à l’appui— révélant que l’entourage de Gaël Perdriau aurait piégé Gilles Artigues, son ex-premier adjoint, en le filmant à son insu avec un escort gay. Puis en utilisant cette vidéo pour faire chanter et museler ce rival potentiel, fervent catholique, qui avait pris position contre la loi sur le mariage pour tous.

Trois hommes seraient au cœur du complot. Samy Kéfi-Jérôme, alors adjoint à l’Éducation de la ville et conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, et son compagnon de l’époque, Gilles Rossary-Lenglet. C’est ce dernier qui révèle l’affaire à Mediapart et affirme que cette vidéo lui a été commandée par Gaël Perdriau et son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri.

Une vidéo subventionnée avec de l’argent public

Une somme d’au moins 40 000 euros aurait été versée aux auteurs de la sextape, provenant de détournements de fonds publics, via des subventions à des associations en échange de prestations fictives. Et comme si cela ne suffisait pas, le chantage à l’encontre de Gilles Artigues n’aurait pas été le seul. Michel Thiollière, ancien maire de Saint-Étienne, aurait également été dans le viseur avec le projet de le filmer avec une prostituée mineure.

En devenant maire en 2014, Gaël Perdriau avait affiché l’ambition de redorer l’image de Saint-Étienne. Ces trois dernières années, « la ville où on est champion de la vidéo » a été moquée de toutes parts, boudée par les investisseurs d’après les représentants du monde économique, et les ministres en visite dans la Loire ne passent plus par la capitale du Forez…

Jugé pour chantage, association de malfaiteurs et détournements de fonds publics par un dépositaire de l’autorité publique, il risque l’inéligibilité, avec potentiellement une application immédiate.