POLITIQUE – Une campagne à son image, feutrée et sans chichis. Loin des coups d’éclat et du tumulte qui agite parfois l’Assemblée nationale, Michel Barnier est d’un tempérament beaucoup plus calme et réservé. Après plusieurs semaines à battre le pavé dans les très cossus Ve, VIe et VIIe arrondissements de la capitale, l’ex-Premier ministre espère être élu dès le premier tour d’une législative partielle ce dimanche 21 septembre.

La 2e circonscription de Paris est le théâtre d’une âpre bataille politique après la décision du Conseil constitutionnel, rendue cet été, d’invalider l’élection de Jean Laussucq pour irrégularités dans ses comptes de campagne. L’ancien député, proche de Rachida Dati, n’a pas pu se représenter, laissant libre cours au centre et à la droite de présenter leurs propres poulains. Dans un premier temps, la ministre de la Culture, également maire du VIIe arrondissement, a fait acte de candidature. Façon pour elle de faire monter les enchères à l’approche des élections municipales. Elle a finalement jeté l’éponge, poussée par les ténors du parti Les Républicains (LR), qui ont officiellement préféré investir Michel Barnier.

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Pour l’ancien Premier ministre, renversé par une motion de censure il y a presque un an, ce retour plus que probable à l’Assemblée nationale est synonyme de come-back politique. Depuis un an, le Savoyard a quasiment déserté l’arène. On ne l’a pas entendu commenter l’action de son successeur, François Bayrou, ni disserter sur les choix budgétaires très critiqués présentés au cœur de l’été.

Ces dernières semaines, il a retrouvé le sourire à distribuer des tracts et organiser des réunions publiques. « J’adore les campagnes électorales », a-t-on pu l’entendre dire à plusieurs reprises, aux côtés de Valérie Pécresse, Bruno Retailleau ou François-Xavier Bellamy, venus le soutenir, mais aussi de la ministre démissionnaire du Travail Astrid Panosyan-Bouvet. Car Renaissance n’a pas présenté de candidat face à lui, ce qui a suscité la déception de certains cadres et militants, qui ne comprennent pas que leur parti lâche si facilement une circonscription qu’ils tenaient depuis 2017.

Une friction PS/LFI

Décrochée haut la main par Gilles Le Gendre (ex-président du groupe LREM à l’Assemblée), elle était restée dans le giron macroniste en 2024 malgré la percée de la gauche, qui avait réalisé plus de 43 % des voix au second tour. Dans le cadre de l’accord du Nouveau Front populaire, la circonscription était fléchée vers le Parti socialiste, qui a décidé de présenter l’ex-ministre de François Mitterrand Frédérique Bredin. Par ailleurs présidente du Centre national du cinéma (CNC) entre 2014 et 2019, Frédérique Bredin a donc la lourde tâche de porter les couleurs de la gauche sur un territoire très bourgeois. Sa seule chance ? Faire le plein dans le Ve arrondissement, plus jeune et bobo que le reste de la circonscription.

Reste que les relations avec La France insoumise ne sont pas au beau fixe. Malgré le très gros score réalisé par Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022 (plus de 26 %), Frédérique Bredin a choisi de cliver avec le mouvement de gauche. Sur Radio J le 31 août, la candidate PS avait renvoyé La France insoumise et le Rassemblement national dos-à-dos, les qualifiant de « grands dangers ». « Que ce soit l’extrême droite ou l’extrême gauche au sens insoumis, je n’en veux pas », avait-elle ajouté. Puis : « en cas de dissolution, les insoumis ne seront pas des alliés. Il faut une gauche sociale-démocrate, progressiste, humaniste, qui ne soit ni l’extrême gauche pro-Poutine, antisémite, ni l’extrême droite pro-Poutine aussi ». Jean-Luc Mélenchon avait aussitôt demandé à la direction du Parti socialiste de « réagir ».

La participation particulièrement scrutée

Sur la ligne de départ ce 21 septembre, figurent aussi les deux candidats d’extrême droite Thierry Mariani (RN) et Hilaire Bouyé (Reconquête). Si l’un et l’autre n’ont aucune chance de l’emporter, ils pourraient empêcher Michel Barnier de plier le match dès le premier tour, lui grappillant des voix sur sa droite. La question de la participation est tout aussi déterminante, puisque les précédentes élections législatives partielles organisées dans le pays ont montré que les électeurs se rendaient difficilement aux urnes.

Et cela a des conséquences sur l’issue du scrutin : pour être élu dès le premier tour (ce qu’espère Michel Barnier), un candidat doit obtenir plus de 50 % des suffrages exprimés, c’est-à-dire de l’ensemble des bulletins de vote déposés dans l’urne, après avoir déduit les votes blancs et nuls. Il doit en parallèle recueillir un nombre de voix au moins égal à 25 % du nombre des électeurs inscrits. En 2024, le taux de participation dans la 2e circonscription de Paris avait été de 76 %. Et cette fois-ci ? Premiers éléments de réponse à partir de 20h ce dimanche. Michel Barnier saura alors si, 30 ans après l’avoir quitté, il retrouvera de nouveau l’hémicycle de l’Assemblée nationale.

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