Lors de la dernière publication des chiffres des notaires, avant l’été, vous espériez une reprise. Où en est-on en cette rentrée ?
La baisse du volume des transactions, entamée en 2022, en est à sa troisième année de suite. Sur le territoire de le Chambre des notaires (Bretagne administrative et Loire-Atlantique, ndlr), le nombre de transactions a continué de diminuer entre le 2e trimestre 2024 et celui de 2025. On est encore à -3,9 %. L’été s’est mieux passé, il semblerait que des dossiers soient rentrés. Le ressenti est meilleur. On pensait que les facteurs étaient en place pour une reprise, mais elle est fragilisée par le contexte général, avec le gouvernement qui vient de tomber. Difficile de se projeter sur l’année.
La baisse des prix que l’on observe à Rennes est-elle pour vous un motif d’espoir ?
C’est un signal assez fort. Cela nous semble être un bon signe pour la suite. Et la baisse des taux aussi, car cela augmente le pouvoir d’achat immobilier. Les prix sont globalement orientés à la baisse depuis un moment. La forte augmentation post-Covid commence à se rééquilibrer. Sur un an, à Rennes, l’ancien a baissé de 10 %. Les maisons restent chères car il y en a peu. Tout cela est positif pour la reprise des volumes. Maintenant, c’est une histoire de confiance, de climat et d’ambiance…
Pour autant, les biens restent chers sur la capitale bretonne.
Oui. Les prix se rééquilibrent après avoir beaucoup augmenté après la crise sanitaire. Mais, sur cinq ans, à Rennes, on est encore à 25 % de hausse. Sur la même période, à l’échelle de l’Ille-et-Vilaine, les maisons et les appartements anciens ont aussi augmenté de 25 %. Les baisses récentes permettent malgré tout de fluidifier le marché et de donner des possibilités d’accéder au logement à certaines catégories de population. Cela reste un problème énorme. On voit encore des couples en CDI qui n’arrivent pas à obtenir de financements bancaires.
Dans l’agglomération, on observe des baisses encore plus marquées… Comment cela s’explique ?
Les secteurs les moins prisés sont ceux qui baissent le plus. On voit cela aussi sur la nature des biens. Ceux qui nécessitent des travaux sont moins recherchés et donc plus impactés par les baisses de prix. Les travaux font peur aujourd’hui : c’est long, on ne les maîtrise pas forcément, il faut courir après les artisans…
La période est donc favorable aux acheteurs ?
Oui. D’autant que l’on entend parler d’une possible remontée des taux d’intérêt pour 2026. La dégradation de la note de la France par les agences de notation risque de se répercuter sur les prêts bancaires.
Plus étonnant, le neuf aussi commence à baisser après avoir longtemps résisté…
Cette résistance était liée au fait que les promoteurs ne pouvaient pas descendre en dessous de leur prix de revient. Actuellement, on voit effectivement des baisses, mais elles sont moins spectaculaires que dans l’ancien. Il faut garder en tête que le neuf a perdu énormément en volume de transactions.
Comment alors expliquer cette diminution ?
Quand on évoque le neuf, aujourd’hui, on parle surtout de programmes sociaux. Beaucoup ont fait l’objet de ventes en bloc à des bailleurs sociaux, le promoteur ne réussissant pas à commercialiser auprès de particuliers. Certains sont vendus sous la forme de baux réels solidaires, avec des prix moindres que le marché libre classique. La traditionnelle vente en l‘ état futur d’achèvement à un investisseur privé, elle, est en forte diminution. Et c’est parti pour durer. Il suffit de voir qu’il y a de moins en moins de grues à Rennes. Les programmes sont pour beaucoup arrêtés.