Par
David Kerhervé
Publié le
21 sept. 2025 à 6h30
« Une pièce unique, magnifique, d’une force incroyable ». Pierre Kerlévéo ne tarit pas d’éloge sur cette toile de Marcel Le Toiser tout juste découverte dans un grenier breton.
Le tantad du pardon de la Clarté est une huile grand format que le spécialiste de ce peintre de Perros-Guirec ne cesse d’admirer :
On sent le sent le souffle, le vent, la chaleur.
Encore peu connu du grand public, l’artiste aux quelque 350 toiles, 60 sculptures, plus de 200 dessins et gravures, sort petit à petit de l’oubli, à la faveur notamment de publications et d’expositions, comme celle qui lui est consacrée jusqu’à fin septembre à la Maison Saint-Yves à Saint-Brieuc, et où on retrouve d’ailleurs ce fameux tantad.
Oublié dans un grenier
Son nouveau propriétaire, Pierre Kerlévéo, l’a racheté à une galerie de Perros-Guirec, à laquelle elle avait été vendue par la personne qui connaît bien son histoire :
« Le tableau était resté 25 ans dans le grenier de la maison de ma mère à Cesson », écrit-elle. « Je l’avais stocké là suite à mon divorce et je ne l’avais jamais récupéré jusqu’en mars dernier où il a fallu vider la maison, pour un déménagement. Avant cela, il a passé 15 ans à Saint-Cast-le-Guildo dans ma maison familiale. »
De son œil exercé, Pierre Kerlévéo dépeint la scène comme une synthèse de la vie locale et de ses traditions : le tantad et le pardon.
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Cette toile, avec en son centre le clocher de Saint-Jacques, a été retrouvée en Espagne. ©Pierre KerlévéoEn Espagne
Après la découverte d’une toile à La Réunion, d’un fonds de dessins à Tréguier, d’un tableau en Allemagne, un autre en Angleterre, « celui qui aimait tant le Trégor, ses paysages dont il peignait la beauté avec talent », n’en finit pas de faire parler de lui, « avec chaque mois son lot de surprises ».
Lors du vernissage début juillet à Saint-Brieuc, un Trégorrois, collectionneur d’art installé en Espagne, l’informe qu’il possède quatre tableaux du peintre. « Dont une toile étonnante représentant le clocher de l’église Saint-Jacques. Marcel Le Toiser n’en finit pas de nous étonner ».
« Un tableau très moderne », s’enthousiasme encore l’expert perrosien, « mélangeant la tradition, avec ce personnage à droite pouvant évoquer l’arrivée du moine saint Guirec dans la région, et à gauche une femme qui semble être africaine, de par ses cheveux, ses vêtements, le tout dans un style rappelant la période cubiste de Picasso ».
Pierre Kerlévéo, de Perros-Guirec, piste les tableaux de Le Toiser. ©DRProvocateur et éclectique
« Un mélange des styles qui convient à Le Toiser, où l’on retrouve son sens de la provocation, le côté potache qu’il laissait voir du temps de sa jeunesse et de la bande du figuier », renseigne notre passionné.
Un caractère du personnage confirmé par Marie-Jo et Philippe Videau, autres férus d’histoire locale. « Un surnom tiré du figuier situé place de l’église Saint-Jacques, et près duquel les « footeux » dans la fameuse équipe locale, étaient connus et appréciés comme » animateurs, farceurs » de ces années 1935 à 1940 ».
Un mélange des styles aussi qui ne surprend pas Pierre Kerlévéo :
« Son talent incroyable lui permettait cela. Une expo de Le Toiser peut laisser penser que dix peintres dans autant de styles différents ont été accrochés au même endroit ! »
Exposition « Marcel Le Toiser – Un peintre à Perros-Guirec » visible du 4 juillet au 27 septembre 2025 à la Maison diocésaine Saint-Yves (81 rue Mathurin-Méheut, Saint-Brieuc). Entrée libre du lundi au vendredi de 8h30 à 12h15 et de 13h30 à 17h45, et le samedi de 9h à 12h.
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