La mosquée des Bleuets de Marseille est de nouveau menacée de fermeture par les autorités qui estiment que l’imam qui y officie « reste ancré dans des théories radicales », son avocat dénonçant dimanche un « acharnement ». Il y a pile un an, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône menaçait de fermer cette mosquée des quartiers Nord et le retrait de l’imam, qui avait promis notamment de passer un diplôme sur la laïcité, lui avait finalement permis de rester ouverte.
Condamnation pour apologie du terrorisme
Entre temps, l’imam Ismail, Smaïn Bendjilali de son vrai nom, a bien validé son diplôme universitaire et a repris ses fonctions au sein de la mosquée en juin, juste après une condamnation pour apologie du terrorisme, procédure dans laquelle un appel est en cours. Cet imam, populaire dans les quartiers Nord, est « de sensibilité plutôt salafiste mais usant des codes du frérisme » et « jouit d’une grande popularité auprès des jeunes musulmans en raison notamment de sa maîtrise des réseaux sociaux », selon un récent rapport sur les Frères musulmans.
Il avait été condamné par le tribunal correctionnel de Marseille à six mois de prison avec sursis pour avoir retweeté un post sur X en lien avec l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël. Il ne l’avait en revanche pas condamné à une interdiction définitive d’exercer en tant que salarié au sein de la mosquée des Bleuets, comme l’avait demandé le parquet.
Dans un courrier daté du 15 septembre, la préfète déléguée à la police dans les Bouches-du-Rhône dit « envisager la fermeture temporaire » de la mosquée, laissant la possibilité avant cette décision de formuler des observations.
« Une forme d’acharnement »
Selon les autorités, cette procédure est réengagée car des publications « appelant à la haine, à la violence ou à la discrimination », qui avaient déjà été pointées du doigt il y a un an, sont toujours en ligne. Pour elles, l’imam « poursuit sa défense d’une pratique radicale de l’islam, qui instaure un terreau propice à la commission d’actes violents ».
Le courrier mentionne aussi une plus récente publication Facebook datant de mai et faisant référence à un ouvrage « prisé de la mouvance salafo-frériste », selon la préfecture. Enfin, « la reprise effective de ses fonctions d’imam au lendemain de sa condamnation pour apologie du terrorisme constitue un élément majeur conduisant à devoir engager une nouvelle procédure contradictoire ».
Pour Me Sefen Guez Guez, avocat de l’imam et de la mosquée, cette procédure est « clairement une forme d’acharnement » et de « la communication politique » de la part du préfet Georges-François Leclerc. Il se dit dimanche prêt à aller un tribunal administratif pour contester la décision de fermeture, si elle est prise.