Sur le trottoir qui longe la mairie du Ve arrondissement de Paris, une longue file d’une vingtaine de personnes semble attendre son tour. C’est jour d’élection. Se presserait-on, contre toute attente, pour aller voter ? En s’approchant, on comprend que l’affluence n’a rien à voir avec la législative partielle qui se joue ce dimanche dans la deuxième circonscription de la capitale.

Dans ce bastion de la droite qui regroupe le Ve arrondissement ainsi qu’une partie des VIe et VIIe, l’enjeu du scrutin se dessine autour de la participation. Avec une crainte, l’abstention massive des 74 000 électeurs inscrits. Une faible participation pourrait changer la donne et favoriser la candidate socialiste Frédérique Bredin en resserrant le duel avec l’ancien Premier ministre, Michel Barnier, investi par LR.

Au sortir du bureau de vote de la mairie d’arrondissement, c’est peu dire qu’il n’y a pas foule. On ne croisera qu’une poignée d’électeurs. Comme Dominique, venue exercer son devoir de citoyenne, sans trop d’espoir sur l’issue du scrutin. « Je vote pour le principe, mais il y a peu de suspense. Avec les VIe et VIIe arrondissements, il y a de fortes chances pour que Michel Barnier l’emporte », avance la retraitée qui a voté « à gauche ».

Pourtant, d’élection en élection, la gauche progresse dans cette circonscription historiquement acquise à la droite, passant de moins de 3 000 voix en 2017 pour la socialiste Marine Rosset, cette fois candidate suppléante, à près de 22 000 au second tour en 2024 pour la même candidate.

« La plupart de nos amis ont préféré partir en week-end »

Croisés dans les allées du jardin du Luxembourg, d’autres électeurs ont préféré s’abstenir. « Pour être franc, je n’ai pas suivi les enjeux de cette élection. Il y a encore une semaine, je ne savais même pas qu’il fallait retourner aux urnes », s’excuse presque un trentenaire qui a préféré faire son jogging que d’aller voter.

Entre les étals du marché de la place Monge, l’élection ne semble pas non plus passionner. Si Jean-Jacques et sa femme sont bien allés voter, c’est sans entrain. « Autour de nous, la plupart de nos amis ont préféré partir en week-end et ne se sont pas embêtés à faire des procurations. Le bras de fer qu’il y a eu entre Rachida Dati et Michel Barnier en a dégoûté plus d’un. Et puis, qui sait, il y aura peut-être une nouvelle dissolution », déclarent, peu convaincus, les retraités pourtant fidèles à la maire d’arrondissement, et suppléante de Michel Barnier, Florence Berthout.

4,2 % de participation dans le VIe à 11 heures

Il est midi, les cloches de Saint-Sulpice sonnent, la messe s’achève. Et devant la mairie du VIe arrondissement, personne. « Peut-être que les gens viendront voter après la messe », veut croire un passant, la cinquantaine, désabusé. Lui n’ira pas. Il n’y croit plus « depuis bien longtemps ».

Dans l’arrondissement, le taux de participation à 11 heures atteint péniblement les 4,2 %. Contre près de 20 % aux législatives de juin 2024. « Il faut toujours être prudent. Cela montre qu’une partielle comme celle-ci est improbable dans le contexte national actuel. Les gens se disent qu’il y aura peut-être une dissolution… et puis on est en septembre, les gens se lèvent peut-être plus tard qu’au printemps. La participation peut rebondir plus tard dans la journée », décrypte le maire du VIe, Jean-Pierre Lecoq (LR).

La messe est bien terminée. Sur le parvis de Saint-Sulpice, les fidèles se sont dispersés. De l’autre côté de la place, le bureau de vote de la mairie du VIe est encore bien vide.