Alors que Yamaha et Honda bataillent en fond de grille
pour redorer leur blason en MotoGP, Luca Marini, pilote officiel
Honda, livre une analyse lucide et sans détour sur la différence
fondamentale entre les deux constructeurs japonais. Après une
journée d’essais intense, le pilote italien met en lumière un
contraste saisissant entre les méthodes de travail de ces deux
marques … et sa conviction que Honda a finalement opté pour la voie
la plus exigeante mais la plus prometteuse.

Lundi, sur le circuit de Misano, Marini a
conclu la séance avec le 11e temps. Mais au-delà du chronomètre,
c’est la nature du travail accompli qui a marqué les esprits. «
Ce fut un essai positif, surtout en pensant à 2026. La
moto n’est pas plus rapide aujourd’hui, mais elle est plus stable,
avec un potentiel réel
. »

La matinée a été consacrée à la future RC213V, tandis que
l’après-midi a permis de tester des ajustements aérodynamiques et
des réglages applicables dès cette saison. C’est lors de l’échange
avec la presse que Luca Marini a glissé une
remarque qui en dit long sur la fracture entre les deux géants
japonais :

« Yamaha a pris le chemin le plus court. Nous, on a choisi
le plus long. Changer un moteur, c’est compliqué.
Un V4, ça consomme plus, c’est plus instable, mais on progresse
petit à petit. »

Honda a pris le parti de changer en profondeur sa moto. Le
projet autour de la RC213V 2026 en est la preuve : refonte
aérodynamique, développement moteur et philosophie de travail
inspirée de l’Europe. « On a des retours très précis, et la
réponse du constructeur est rapide. Il y a une vraie
dynamique
. »

Honda : une culture
technique en mutation

Au cœur de cette transformation, Romano
Albesiano
, ancien cerveau technique
d’Aprilia, incarne ce pont entre le savoir-faire
européen et la rigueur japonaise. Pour Marini, le
changement est palpable :

« Le mélange entre les équipes japonaises et européennes
fonctionne bien. On est plus rapides dans l’exécution, dans
la prise de décision, dans l’organisation
. »

L’approche ne consiste plus seulement à ajuster les suspensions
ou les cartographies comme dans une équipe satellite. Désormais,
Marini se retrouve au centre d’un processus plus
ambitieux :

« On teste des choses qui ne fonctionnent pas
toujours
. Mais quand ça marche, c’est une vraie
satisfaction. »

S’il déplore l’absence de son coéquipier Joan
Mir
lors de cette journée d’essais,
Marini a pleinement assumé son rôle, avec une
nouvelle légitimité technique acquise au fil des mois.

« Ils me font confiance. Ce
n’était pas automatique. J’ai dû le gagner. Maintenant, quand je
dis oui, c’est oui. Et quand je dis non, ils
écoutent
. »

Il évoque aussi la possibilité d’un nouveau
carénage
à introduire dès cette saison. Ce serait une rare
preuve visible de l’évolution en cours chez Honda,
souvent critiquée ces dernières années pour son immobilisme
technique.

Pendant ce temps, chez Yamaha, Fabio Quartararo
ne cesse de réclamer des évolutions, mais les livraisons arrivent
au compte-goutte. La frustration grandit, malgré une communication
rassurante. Le contraste est d’autant plus cruel pour le
constructeur d’Iwata que Honda, pourtant dans le
même gouffre technique en 2023, semble avoir enclenché une vraie
transformation systémique, quitte à tout remettre à plat.

À travers les propos de
Luca Marini
, une chose devient claire :
Honda est en train de se réinventer, au prix d’un
effort douloureux mais cohérent. Là où
Yamaha
mise encore sur la prudence et la
continuité, Honda accepte l’inconfort du
changement pour rebâtir sur du solide.

Marini le sait : les résultats ne seront pas
immédiats. Mais pour un constructeur dont le palmarès écrase
l’histoire du MotoGP,
revenir au sommet exige plus qu’un simple lifting. Cela demande de
tout reprendre à zéro. Et Honda, enfin, semble
l’avoir compris.

Honda