Il n’y a pas d’âge pour s’envoyer en l’air. C’est ce que démontre l’audacieux projet porté par Didier Heitz, directeur de la maison de retraite Saint-Joseph , ce dimanche 21 septembre au matin. Sous un ciel dégagé, il se tient en compagnie de douze résidents, âgés de 80 à 102 ans sur le tarmac de l’aérodrome du Polygone afin de réaliser une expérience inoubliable : survoler la plaine d’Alsace dans un petit avion quatre places.

« Je suis moi-même pilote amateur. J’ai eu envie de partager cette magie du vol avec les résidents. Il n’est jamais trop tard pour avoir de nouvelles expériences ! », s’exclame le directeur avant d’ajouter que cette activité permet également de « créer des liens entre les résidents, les familles et le personnel. »

Douze résidents de Saint-Joseph

Pendant toute la matinée, quatre avions, mis à disposition avec par l’Aéroclub d’Alsace et du Cercle aéronautique d’Entzheim vont se succéder. L’un après l’autre, les aînés embarquent en compagnie d’un pilote (bien sûr), d’un soignant et parfois d’un membre de la famille.

Voilà qu’arrive le tour de Frère Vergonjeanne, un Dominicain de 97 ans arrivé il y a quelques mois à la maison de retraite. Nous embarquons avec lui dans un petit avion kaki. Après un effort pour se hisser à l’intérieur en escaladant une aile, nous voici confortablement installés, casque sur les oreilles, ceinture attachée et une légère appréhension dans le ventre. Mais notre pilote nous met rapidement à l’aise : « J’ai fait mon premier vol à 3 ans. Conduire un avion me semblait plus simple que de faire du vélo ! », raconte Daniel en riant alors que les roues de notre appareil s’éloignent rapidement de la piste jusqu’à nous atteindre une hauteur de 800 m.

Nous voilà partis pour un vol d’une grosse demi-heure au-dessus de la plaine d’Alsace, jusqu’au Mont Sainte-Odile. « On voit le Rhin ! », pointe le résident. Puis le pilote nous indique Obernai, la brasserie Kronenbourg, les champs colorés, les Vosges… Sur le chemin du retour, nous distinguons la cathédrale qui se rapproche à mesure que nous redescendons vers l’aérodrome. « À cette période, il faut un peu faire attention aux oies et aux cigognes qui migrent », nous renseigne Daniel à travers le casque. Si nous n’apercevons aucun de ces oiseaux, nous atterrissons à temps pour voir des parachutistes se poser à un autre bout de l’aérodrome.

« C’était une belle expérience, et le pilote n’était pas mal », témoigne frère Vergonjeanne en lui souriant. Marie Odile, 86 ans, vient également de retoucher terre. Elle a partagé son vol avec sa fille. Toutes deux ont des étoiles dans les yeux. « C’était parfait ! Nous avons découvert les paysages, et même le Mont Sainte-Odile où je me suis mariée ! », apprécie l’octogénaire. D’autres résidents partagent leur expérience. « J’avais un peu la trouille, mais ça s’est merveilleusement bien passé ! », témoigne l’une. « Décidément, notre Alsace est très belle, c’est une chance de pouvoir la voir d’en haut ! », lui répond un autre.

Mais faire voler ce type d’avion a un coût (environ 200 € de l’heure). Pour financer cette activité, l’Ehpad a reçu des aides de la Ville et l’Eurométropole.