« La justice l’emportera, l’Histoire jugera ceux qui ont regardé ailleurs. » Comme chaque dimanche depuis deux ans, Fadela El Miri, pilier du mouvement Urgence Palestine Marseille, tient le mégaphone à la Porte d’Aix. En part toutes les semaines un cortège demandant le cessez-le-feu à Gaza, « où les bombes continuent à tuer, à mutiler ».

Alors que la Grande-Bretagne, le Canada et l’Australie viennent de reconnaître formellement l’État de Palestine, et qu’Emmanuel Macron le fera lundi 22 septembre à la tribune de l’ONU, à New York, la militante marseillaise est attentive à ce que « chacun parle avec les mots justes. Macron n’a toujours pas dit le mot génocide », regrette-t-elle.

Elle déplore aussi que Benoît Payan n’ait pas, comme son collectif lui en fait la demande, rompu le jumelage qui lie Marseille à la ville israélienne de HaÏfa. « Que contiennent ces accords de coopération qu’on nous dit symboliques ? Nous allons saisir la Cada (la Commission d’accès aux documents administratifs est une autorité administrative, NDLR) pour le savoir. »

Plusieurs flottilles vers Gaza

« Gaza, Marseille est avec toi ! », reprennent les 200 personnes présentes malgré la pluie. Florence, coordinatrice locale de la Global Sumud Flotilla, donne des nouvelles de cette flotte d’une cinquantaine de bateaux partis de Barcelone, Tunis et de Grèce pour tenter de percer le blocus humanitaire imposé aux Palestiniens et arrêter la guerre.

Après bien des déboires, ils viennent de reprendre la mer : « Il leur faudra encore huit à dix jours pour arriver à Gaza. C’est la plus grande flottille humanitaire de l’Histoire, elle est pacifique et s’inscrit dans le droit international. » À son bord, des militants, députés, médecins ou personnalités de 47 pays, telles l’actrice Adèle Haenel ou Mandla Mandela, le petit-fils de Nelson Mandela. Ils retrouveront aussi au large les bateaux de Thousand Madleens to Gaza, une autre armada dont le grand départ aura lieu de Catane, en Sicile, mercredi.

« Nous avons besoin de soutien diplomatique, pour garantir leur sécurité mais aussi de chacun d’entre vous. En ne les quittant pas des yeux, vous êtes leur bouclier », exhorte Florence. Plusieurs syndicats européens ont aussi apporté leur soutien à l’initiative, comme la CGT, dont l’un des militants s’est également embarqué. En Italie, ce lundi 22 septembre, le monde du travail sera particulièrement mobilisé, avec une grève générale, des manifestations et le blocage des ports – les dockers étant en pointe du mouvement. « Il faut bloquer le commerce avec un état génocidaire », souffle Mick Flynn, membre de l’Union locale CGT de Marseille.