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Des talents confirmés, des stars en rodage, des pépites, des habitués… Le théâtre Le Colbert, à Toulon, garde la recette qui fait son succès depuis une dizaine d’années et a concocté une saison 2025/2026 aux petits oignons. Le directeur, Pascal Lelli, revient sur sa programmation.

Aujourd’hui, via les réseaux sociaux, beaucoup se lancent dans l’humour. Comment faites-vous votre « marché »?

Il y a beaucoup d’artistes qui se lancent via Instagram, YouTube, en faisant des vidéos, et qui cartonnent parce qu’ils ont une vraie communauté. J’essaie quand même d’aller voir les spectacles avant de les programmer. J’ai la chance d’être très souvent à Paris, donc quand certains artistes dont on ne connaît pas trop le spectacle jouent, c’est bien d’aller les voir. Si j’estime que c’est de qualité et que ça peut rentrer dans le cadre de la programmation, on prend.

Entre les vidéos, un 8 minutes sur un plateau et un spectacle… il y a un vrai gap…

Oui, exactement. En ce qui nous concerne, nous avons des artistes issus d’Internet pour la saison prochaine, comme Lalou, Léopold Lemarchand ou Eliott Doyle. Je les ai vus en spectacle et j’adore leur travail. Donc là, je n’ai aucun problème à les programmer et je n’ai aucun doute sur le fait que ce sera plein, en plus. Après, ce n’est pas la majorité des artistes que nous recevons. Il y a beaucoup d’habitués, des artistes qui sont déjà venus. Je pense à La Bajon, Jérémy Crédeville, Morgane Cadignan, Christelle Chollet, Nordine Ganso, Caroline Estremo… Ils ont déjà joué deux, trois, quatre fois au Colbert. Ils ont confiance, ils reviennent dans la salle et les spectateurs sont toujours très contents de les retrouver.

Vous accueillez une nouvelle fois des artistes en rodage. C’est aussi une marque de fabrique du Colbert?

Je trouve que c’est très précieux, pour des spectateurs, de voir un artiste en création. Parce qu’il est dans un moment hyper fragile, cela crée des moments magiques. Cette année, on a La Bajon, mais aussi Alex Vizorek et Thomas Marty.

Les années passées, vous avez eu Gad Elmaleh, Florence Foresti, Le Trio… Comment faites-vous?

On a la chance, aujourd’hui, d’être sollicités pour les rodages. Après, on a aussi de très bonnes relations avec les prods et leurs diffuseurs. Je leur demande régulièrement s’ils ont des rodages qui arrivent, si des artistes sont en écriture… Le théâtre a la bonne jauge pour ce genre de rendez-vous, avec également un équipement technique hyper pointu qui permet aux artistes d’être dans les meilleures conditions.

Vous avez repris le Colbert il y a 10 ans avec succès. Quelle est la bonne formule pour fidéliser le public?

On a beaucoup d’habitués, de fidèles et, vraiment, merci à eux, parce qu’honnêtement, ils assurent un vrai remplissage de la salle. Un lien de confiance s’est installé, de sorte que certains viennent sans vraiment connaître l’artiste mais estiment que, s’il est programmé chez nous, c’est un gage de qualité. Après, nous avons aussi un public plus ponctuel qui vient pour un artiste précis. Certains découvrent ainsi le théâtre.

Lorsque l’on épluche votre programmation, on note une quasi-parité. Est-ce une volonté ou cela se fait-il naturellement?

C’est naturel chez nous. Longtemps, l’humour a été un marché masculin. Aujourd’hui, c’est un peu moins le cas, mais surtout, je pense qu’il y a de très bonnes humoristes féminines. En fait, ça ne devrait même pas être un sujet de parler d’humoristes féminines ou pas. Pour moi, il n’y a pas de différence de niveau entre les hommes et les femmes.

Les talents à suivre

Le Colbert et son directeur aiment dénicher les talents de demain. Pour cette saison, Pascal Lelli nous livre les artistes à suivre, avec un très gros potentiel. « J’ai noté Ana Godefroy, Emy, Amandine Lourdel et Louis Cattelat… », énumère le directeur. « Ana fait sa rentrée comme chroniqueuse chez Quotidien sur TMC. C’est un univers assez singulier, celui d’une jeune adulte qui essaye de se construire. C’est assez vertigineux, surtout avec son personnage absurde de fille qu’on croit manquer de charisme… mais c’est faux! Pour Emy, c’est plutôt sur son couple, son enfance difficile, avec beaucoup de dérision. C’est absolument hilarant. »

Renseignements et réservations: www.lecolbert.fr