Sa vieille carcasse n’en finit plus de se dégrader, agressée par les embruns, le mistral et le temps qui passe. Ces dernières années, des trous inquiétants ont fait leur apparition sur sa coque, grignotée par la rouille. De petits morceaux de métal se détachent et la peinture rouge et jaune s’écaille, tant et si bien qu’il a fallu éloigner le public avec un grillage. Si sa silhouette iconique n’a pas pris une ride, il suffit de scruter d’un peu plus près le bathyscaphe FNRS III pour voir qu’il fait bien son âge: 72 printemps, et autant d’hivers, dont la plupart passés à l’air libre, un milieu qui n’est pas le sien.
La place Monsenergue, prochain lieu d’implantation?
Plus personne n’ignore qu’il y a urgence à restaurer le sous-marin descendu à 4.050mètres de fond en 1954, battant alors le record du monde de plongée. Plus personne, et surtout pas le Musée national de la Marine, propriétaire de l’engin exposé dans les jardins de la Tour Royale depuis 1996. L’établissement placé sous la tutelle du ministère des Armées vient ainsi d’annoncer le « lancement des études pour la restauration et la valorisation du bathyscaphe FNRS III « . Attendue depuis des années par les amoureux de ce patrimoine local et les passionnés d’exploration sous-marine, cette nouvelle avait maintes fois été repoussée, faute de financements dédiés. Un problème qui serait résolu… du moins, en partie.
« Disons qu’il y aura un investissement du Musée de la Marine mais pas que », décrypte Elsa Lewuillon, administratrice de l’établissement à Toulon. « On réfléchit aussi à du mécénat, tant financier qu’en termes de compétence d’ailleurs ». La possibilité de lancer un appel au financement participatif – le crowdfunding – pour « sauver » le monument serait également dans l’air. « Mais tant que les études n’ont pas été conduites, le coût des travaux reste flou. » Reste en effet à connaître les détails du chantier à mener.
Outre la « rénovation fondamentale » du FNRS III – sablage, chaudronnerie, peinture… – pour ne pas qu’il parte en lambeaux, l’autre gros sujet concerne son déplacement. Comment soulever une « bête » de 30 tonnes en très mauvais état jusqu’à son site de carénage, même si celui-ci devrait être situé dans la rade de Toulon? Même question concernant le transport jusqu’à son « nouveau lieu d’implantation », dont il se murmure avec insistance qu’il s’agirait de la place Monsenergue, en face l’entrée principale de l’arsenal, là où s’est un temps élevée une grande roue. La Ville aurait donné son accord.
« Que les Toulonnais s’emparent du projet »
Les rares certitudes, finalement, se situent sur le calendrier. « Le marché de restauration sera lancé à l’automne, ainsi que des études complémentaires quant au soclage et déplacement du bathyscaphe », précise Elsa Lewuillon, confirmant que l’opération n’en est plus au stade des atermoiements. « En janvier, on fera de nouvelles annonces sur les actions à venir ». Si tout se passe comme envisagé par le Musée national de la Marine, l’emblème de Toulon pourrait être installé dans son nouvel écrin dans un peu plus d’un an.
« L’idée, c’est que les Toulonnais s’emparent du projet », poursuit l’administratrice, qui a prévu de se rendre à Var.up, le salon des entreprises, pour nouer des contacts avec des prestataires locaux qui s’intéresseraient au sujet. « J’aimerais que les habitants puissent assister nombreux à son transport, comme à sa restauration. » Et, peut-être, se remémorer aussi les mots du capitaine de corvette Georges Houot quand, aux manettes du FNRS III le 15 février 1954, il a découvert dans les abysses un monde inconnu de sable blanc et de poissons bioluminescents. « J’écarquille les yeux pour mieux percer le mystère. Quel curieux aspect a donc cette surface de la Terre… »