Il leur aura fallu neuf ans. L’Union européenne (UE) et l’Indonésie ont finalisé leur accord commercial, connu sous le nom de CEPA (Comprehensive Economic Partnership Agreement), en négociation depuis juillet 2016, a indiqué ce mercredi le ministre coordinateur de l’Économie d’Indonésie, Airlangga Hartarto, lors d’un entretien à l’agence de presse Reuters – confirmant une information révélée la veille par le Financial Times.

La signature de cet accord, qui devrait augmenter les échanges commerciaux et les investissements entre les deux parties, devrait avoir lieu le 23 septembre prochain, sur l’île de Bali, a précisé le haut responsable. Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, devrait être présent pour l’occasion, selon le quotidien britannique. Le bureau du Commerce de l’UE n’a toutefois pas répondu pour le moment aux sollicitations de commentaires.

Avec cet accord, les Vingt-Sept devraient bénéficier d’un meilleur accès au marché indonésien pour leurs produits agricoles et manufacturés. Du côté indonésien, le CEPA prévoirait la suppression des droits de douane pour 80 % des produits d’exportation indonésiens vers l’UE, ainsi que la levée des barrières non tarifaires, d’après les autorités du pays asiatique. L’Indonésie aurait exprimé l’espoir que l’UE accélère le processus de ratification après la signature, afin que l’accord puisse entrer en vigueur d’ici fin 2026 ou 2027.

Un accord décrié

La finalisation de cet accord était attendue depuis juillet, quand la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait annoncé qu’un « accord politique » avait été trouvé entre l’UE et l’Indonésie. « Il y a beaucoup de potentiel inexploité dans notre relation commerciale (…) Le nouvel accord ouvrira de nouveaux marchés », avait assuré la responsable du bloc européen, avançant qu’il « créera plus d’opportunités dans des industries clés, dans l’activité économique et l’agriculture, dans l’automobile et les services ».

Un avis qui ne fait cependant pas l’unanimité. Plus de 120 organisations d’Europe et d’Indonésie, dont une vingtaine de françaises, ont signé en février dernier une déclaration commune contre cet accord. Selon elles, il aurait un « impact négatif sur les intérêts nationaux de l’Indonésie, sur l’environnement et sur l’ensemble de sa population ». « L’un des points chauds de l’accord est le contrôle des ressources en nickel, précieuses à l’échelle mondiale, et la capacité à garantir que ces ressources soient gérées de manière durable, au bénéfice des communautés locales d’Indonésie », expliquent-elles.

L’UE et l’Indonésie entretiennent actuellement déjà des relations commerciales, régies par l’accord-cadre global de partenariat et de coopération (APC) signé en 2009, entré en vigueur en 2014, rappelle le ministère français des Affaires étrangères sur son site internet. Les échanges bilatéraux entre les deux parties se sont élevés à 30,1 milliards de dollars (25,4 milliards d’euros) en 2024, d’après les données indonésiennes.

Le pays d’Asie du Sud-Est profite plus que le bloc européen de ce partenariat commercial. L’UE est en effet le troisième plus gros client pour les exportations indonésiennes (huile de palme, chaussures, produits textiles…). À l’inverse, les Vingt-Sept occupent la cinquième place parmi les plus gros fournisseurs de marchandises à destination de l’Indonésie (derrière la Chine, Singapour, le Japon et les États-Unis). Si bien que Jakarta a enregistré en 2024 un excédent commercial de 4,5 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros) avec l’UE.

L’ombre de Trump

La guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche en début d’année n’est pas pour rien dans la finalisation de l’accord entre l’UE et l’Indonésie. L’augmentation des droits de douane américains – 15 % pour les produits européens, 19 % pour les indonésiens – a incité les deux parties à se mettre d’accord. « Nous vivons une période de turbulences et lorsque l’incertitude économique rencontre la volatilité géopolitique, des partenaires comme nous doivent se rapprocher », avait reconnu Ursula von der Leyen en juillet.

Ce qui vaut aussi avec le reste du monde. Bruxelles a intensifié ces derniers mois ses efforts pour améliorer les relations avec ses partenaires existants ou potentiels. En témoignent l’accélération des pourparlers pour parvenir à l’accord de libre-échange avec le Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay), malgré les contestations de certains agriculteurs, ou encore la relance des négociations avec la Malaisie et l’Inde en vue d’un tel accord.