En 2024, plus de 4 000 médecins employés par le système de la santé publique du Royaume-Uni ont quitté le pays pour aller exercer à l’étranger. C’est le chiffre le plus élevé depuis une décennie, relève The Telegraph. Le quotidien évoque une “fuite des cerveaux” qui n’est pas sans conséquence sur la qualité des soins.
Pour pouvoir exercer à l’étranger, les médecins britanniques doivent disposer d’un certificat délivré par le General Medical Council (GMC). Le journal avait déjà signalé le nombre élevé de demandes reçues par l’organisme au cours de l’année 2023 : 8 661 au total. Ce record a été battu en 2024 : 10 685 demandes ont été enregistrées.
Le phénomène témoigne de l’“état critique” (selon les termes de lord Ara Darzi, titulaire d’une chaire de chirurgie à l’Imperial College de Londres et auteur d’un rapport sur le sujet) dans lequel se trouve le NHS depuis des années.
Conflits sociaux répétitifs
“Les médecins sont confrontés à des difficultés liées à l’épuisement professionnel, à une charge de travail élevée et au stress lié au fait de ne pas pouvoir fournir des soins de qualité. Prodiguer des ‘soins de couloir’ [en attendant que des lits se libèrent pour leurs patients] leur paraît dangereux”, explique une chercheuse.
Le rapport de lord Darzi révèle également une grande frustration vis-à-vis de la formation. “Un médecin sur trois déclare avoir du mal progresser dans sa carrière en raison du manque de personnel assurant la formation au sein du NHS.” Des conflits sociaux répétitifs opposent en outre les internes au ministère de la Santé. En juillet, une grève de cinq jours a paralysé de nombreux services, rappelle The Telegraph.
Le nombre élevé de médecins quittant le pays oblige le NHS à faire de plus en plus appel à des praticiens étrangers. Environ un tiers du personnel médical vient déjà de l’étranger, note le journal. Quant aux praticiens qui décident de partir, ils choisissent de préférence de s’expatrier en Australie, où ils sont nettement mieux payés et où ils peuvent profiter d’un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. “L’année dernière, précise The Telegraph, un grand nombre d’entre eux ont également choisi de s’installer au Canada et en Irlande.”