Des visages poupins ouvrent de grands yeux rêveurs. Les pupilles sont humides, les joues rebondies et roses, les sourcils soucieux. L’un d’eux s’est endormi d’ennui sur son livre, une autre, en chemise de nuit, serre un petit chien dans ses bras, un troisième regarde hors cadre, perdu dans ses pensées. Certains semblent un peu tristes dans leurs petits paletots d’hommes miniatures. Vulnérables, intelligents, mélancoliques, les enfants peints par Jean-Baptiste Greuze (1725–1805) transpercent la toile tant ils paraissent vivants, et emplis d’émotions subtiles.

Ombres portées des cils sur les joues, finesse aérienne des boucles blondes… Admirateur de Jean Siméon Chardin, de Frans Hals et de Rembrandt, Greuze fait preuve d’une technicité remarquable dans ses portraits d’enfants aux teintes raffinées, qu’il s’agisse de ceux de ses propres filles (Anne-Geneviève et Louise-Gabrielle), ou de garçons comme Le Petit Écolier (1755–1757) et Le Petit Paresseux (1755).

Cette virtuosité combine une facture très fine et léchée, en accord avec la préciosité de son temps, et des empâtements énergiques, très modernes pour son siècle, qui lui permettent à certains endroits de modeler les volumes des visages et les plis des vêtements.

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