Le quartier du Las se réveille lentement. Après n’avoir que très peu dormi. À 7h30, une voiture se met à klaxonner à tue-tête, comme pour tirer du sommeil celles et ceux qui avaient osé trouver un moment de repos. Un instant de répit après une nuit d’enfer…

Là sur le trottoir, Olivier tente de faire démarrer la voiture de sa conjointe. En vain. Sindy est auxiliaire de vie à Six-Fours. Aujourd’hui et durant plusieurs jours, elle le sait, il sera impossible pour elle de se rendre sur son lieu de travail: « Mes deux voitures sont mortes. Il y en avait une garée dans la rue, l’autre à l’intérieur. Les deux ont pris l’eau et l’une d’elles était électrique donc elle est encore plus morte que l’autre. »

« L’eau est montée en même pas cinq minutes »

Comme les habitants de la rue Louis-Picon, elle ne peut que constater les terribles dégâts de la veille. D’origine martiniquaise, la quadragénaire compare même l’épisode pluvieux aux tempêtes tropicales que peuvent connaître les territoires d’outre-mer:  » Ça a fait comme dans les îles. L’eau est montée en même pas cinq minutes. Les voitures étaient toutes sous l’eau, on n’a même pas eu le temps de les déplacer. On ne pouvait que regarder. Regarder et pleurer, mais si on n’a pas pleuré », sourit-elle malgré les circonstances.

Ce dimanche 21 septembre, elle a vécu « un film d’horreur: avec la pluie, une voiture est même rentrée dans la porte d’un magasin ». Ce film terriblement réaliste, sa fille, Lyndie, l’a immortalisé. Des vidéos qui ont fait le tour des réseaux et qui montrent des voitures partiellement immergées.

De l’autre côté de la rue, alors que la pluie se remet doucement à tomber, Kevin et Alycia nous ouvrent les portes de ce qui s’apparentait jusqu’alors à leur domicile.


Déjà victimes d’une inondation en octobre 2023, Alycia, Kévin et leurs deux enfants ont de nouveau tout perdu dans la nuit de dimanche soir: « Moi, je veux qu’avec mes deux enfants en bas âge, on nous aide à être relogés » clame la mère de famille.

« J’en ai ras la casquette et je vais rester polie »

Ici au rez-de-chaussée, le couple a tout perdu. Une nouvelle fois. Il y a deux ans, ils avaient déjà été victimes d’un épisode similaire,  » c’était le 23 octobre 2023″ souffle Alycia. « J’en ai ras la casquette et je vais rester polie. (…) Ce n’est pas une vie de vivre dans un endroit où au bout de dix ans, on connaît deux inondations en deux ans. »

La mère de famille demande aux autorités de réagir: « Moi, je veux qu’avec mes deux enfants en bas âge, on nous aide à être relogés. Ma fille est asthmatique, je suis allergique à la moisissure et à l’humidité et depuis que je suis ici, ça n’a pas arrangé les choses. Je voudrais que tout ça s’arrête. »

À la colère, se mêle également un sentiment de désespoir chez Alycia qui a déjà fait à plusieurs reprises une demande de HLM: « Ça fait six ans que ça dure… Selon l’agence, on ne rentre pas dans les critères. Comment ça? Je paye mon loyer, ça fait dix ans que je suis ici. Il y a un an, on m’a fait galérer pendant presque cinq pour faire des travaux. Alors là, ça va être quoi encore? Honnêtement, il faut que ça change. »

En attendant d’avoir des réponses et de savoir si l’épisode va être reconnu comme catastrophe naturelle, la trentenaire fait le tour des voisins. Vers 8h30, la voiture stationnée s’arrête enfin de klaxonner grâce à l’intervention de quelques riverains. Le « calme » après la tempête.