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Alors que la France reconnaîtra officiellement l’État de Palestine ce 22 septembre, Strasbourg a décidé d’illuminer ce soir l’Hôtel de Ville aux couleurs de la Palestine. Une action symbolique, alors que Strasbourg a fait le choix de ne pas pavoiser le drapeau palestinien.
Ce lundi 22 septembre, aux alentours de 21h, la France va officiellement reconnaître l’État de Palestine, lors de la 80e Assemblée générale des Nations unies à New-York. Promesse d’Emmanuel Macron faite en juillet dernier, la décision suit celle d’autres pays, comme le Canada, le Royaume-Uni et l’Australie. La France devient ainsi le 153e pays à reconnaître l’État de Palestine. Une décision qui a motivé le Premier secrétaire du PS Olivier Faure à appeler à faire « flotter le drapeau palestinien sur nos mairies » ce 22 septembre.
À Strasbourg cependant, pas de drapeau qui flotte mais un Hôtel de Ville qui sera illuminé aux couleurs du drapeau palestinien ce lundi soir, comme la Ville le signifie dans un communiqué de presse envoyé ce matin. Sollicitée sur le pourquoi de cette décision et sur le fait de ne pas faire flotter un drapeau palestinien, la Ville n’a pour l’instant pas répondu.
© David Levêque / Pokaa
Pourquoi ne pas pavoiser le drapeau à Strasbourg ?
Si l’on devait chercher un début d’explication au choix d’illuminer plutôt que de pavoiser un drapeau à Strasbourg, il faut sans doute chercher dans la crainte d’une décision administrative demandant le retrait du drapeau palestinien. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau a en effet demandé aux préfets/ètes de s’opposer à cette initiative sur des mairies et autres édifices publics, évoquant un « principe de neutralité du service public ».
Une décision qui a déjà conduit le tribunal administratif de Cergy-Pontoise à ordonner l’enlèvement du drapeau palestinien flottant devant la mairie de Malakoff. Une injonction refusée par la maire de la commune, Jacqueline Bonhomme, dénonçant sur Franceinfo « un coup de force préfectoral contre la libre administration des communes ».
© Mathilde Cybulski / Pokaa
Pourtant, il semble que ce principe ne s’applique pas de la même manière pour les drapeaux ukrainiens. Selon Franceinfo, le tribunal administratif de Versailles avait tranché, en 2024, qu’afficher un drapeau ukrainien sur la façade d’un bâtiment public « n’était pas contraire au principe de neutralité », car ce n’était « pas une revendication politique » mais « un symbole de solidarité envers une nation victime d’une agression ».
Une décision du ministre de l’Intérieur démissionnaire ressemblant ainsi à un « deux poids, deux mesures », selon Bruno Piriou, maire de Corbeil-Essonnes arborant un drapeau ukrainien et redoutant la demande de la justice d’enlever le drapeau palestinien. Ainsi, sans doute que Strasbourg se protège en amont d’une décision administrative, et des polémiques qui pourraient en découler, visant la mandature écologiste.
Un voeu pieux, puisque moins de deux heures après l’annonce, le candidat aux municipales Pierre Jakubowicz accuse Jeanne Barseghian d’« importe[r] le conflit dans le cadre de sa primaire avec LFI à l’extrême gauche (sic) ».