Le froid n’est pas responsable de nos rhumes.
Mamy Nirina Rolland Randrianarivelo 21/09/2025 17:03 7 min
Automne et hiver arrivent avec leur lot de virus saisonniers qui circulent plus facilement, de la grippe aux rhumes classiques. Pour profiter de ces saisons sans tomber malade, il est important de comprendre ce qui favorise réellement les infections.
« Mets ton manteau ou tu vas attraper froid ! » Combien de fois avons-nous entendu cette phrase en grandissant ? Pourtant, la science a montré que cette croyance est fausse. En 1968, une étude publiée dans le New England Journal of Medicine a comparé deux groupes de volontaires infectés expérimentalement avec un virus du rhume.
Le premier groupe était maintenu à une température confortable, tandis que le second était exposé à 4 °C, parfois avec des vêtements mouillés et des courants d’air. Aucun écart n’a été observé entre les groupes, autrement dit, le froid en lui-même ne provoque pas de maladie : c’est uniquement la présence du virus qui compte.
Les espaces clos, véritables foyers de transmissions
Si l’hiver est la saison des rhumes et de la grippe, c’est surtout parce que nous passons plus de temps à l’intérieur, dans des espaces mal ventilés. Ces lieux favorisent la stagnation de l’air et donc l’accumulation des particules virales. Une étude récente menée dans des salles de classe sans ventilation mécanique a montré qu’ouvrir une fenêtre ou une porte réduisait fortement le risque d’exposition, tandis qu’un climatiseur qui recycle l’air l’augmentait.
Le CDC pour « Centers for Disease Control and Prevention », parmi les références mondiales en matière de santé publique, prévention des épidémies, surveillance des maladies infectieuses et recommandations sanitaires, rappelle que les virus respiratoires se transmettent bien plus facilement en intérieur qu’en extérieur, où le renouvellement de l’air dilue rapidement les agents infectieux. Rester confiné pour « éviter le froid » peut donc s’avérer contre-productif : mieux vaut sortir s’aérer que rester enfermés.
L’humidité, un facteur souvent négligé
Un autre paramètre essentiel est l’humidité de l’air. Pendant l’hiver, le chauffage assèche nos logements. Or, un air trop sec fragilise les muqueuses nasales qui constituent notre première barrière contre les virus. Une étude a confirmé que l’air sec augmente les irritations respiratoires et facilite l’entrée des agents infectieux.
Ce n’est donc pas parce qu’on a « froid aux pieds » que l’on tombe malade, mais bien parce que nos défenses naturelles se trouvent affaiblies dans des environnements intérieurs trop secs et confinés.
Contrairement aux idées reçues, passer du temps dehors en hiver est bénéfique. L’air extérieur, même froid, réduit considérablement le risque d’exposition aux virus grâce à sa dilution naturelle. Que l’on porte un manteau épais ou simplement un pull, les muqueuses respiratoires restent exposées de la même façon.
L’alimentation, un pilier pour notre immunité
La science confirme aussi que notre alimentation joue un rôle crucial dans le maintien de nos défenses immunitaires. Les apports réguliers en vitamines et minéraux réduisent la vulnérabilité face aux infections. La vitamine C, que l’on retrouve dans les agrumes, le kiwi ou le chou, stimule l’activité des globules blancs.
La synthèse de la vitamine D par l’organisme au niveau de la peau sous l’action des rayons du soleil devient rare en hiver, mais elle peut être apportée par les poissons gras, les œufs ou des produits enrichis. Le zinc et le fer, présents dans les légumineuses, la viande maigre ou les graines, contribuent au bon fonctionnement de nos défenses. Enfin, les fibres et probiotiques issus du yaourt, du kéfir ou des légumes fermentés nourrissent le microbiote intestinal, acteur essentiel de l’immunité.
Les secrets dune alimentation équilibrée pour lhiver : nos conseils santéhttps://t.co/VbGOzHGXbR pic.twitter.com/BjiZH9Q1Lq
— Chic Chronicles (@chic_chronicle) January 1, 2025
Une revue scientifique insiste sur la synergie entre ces nutriments : c’est une alimentation variée et colorée, et non une supplémentation isolée, qui protège le mieux en hiver.
Soyons clairs : ce ne sont ni le froid ni le vent qui nous rendent malades, mais le manque de ventilation, l’air sec et la proximité prolongée en intérieur. En sortant régulièrement, en aérant nos espaces de vie, en maintenant une humidité équilibrée et en adoptant une alimentation riche et diversifiée, nous pouvons traverser l’automne et l’hiver en pleine forme.
Références de l’article
Qing Z, Zhang W, Zhang W, et al. Influence of airflow and the location of infected individuals on occupant exposure in classrooms without mechanical ventilation during the winter. Building Simulation, 2025, 18(4): 829-846. https://doi.org/10.1007/s12273-025-1239-5
Wolkoff, P. (2024). Indoor air humidity revisited: Impact on acute symptoms, work productivity, and risk of influenza and COVID-19 infection. International Journal of Hygiene and Environmental Health, 256, 114313. https://doi.org/10.1016/j.ijheh.2023.114313
Centers for Disease Control and Prevention. (2024). About ventilation and respiratory viruses. CDC.
Institute of Medicine (US) Committee on Military Nutrition Research. Military Strategies for Sustainment of Nutrition and Immune Function in the Field. Washington (DC): National Academies Press (US); 1999. 1, A Review of the Role of Nutrition in Immune Function.
Tyrrell, D. A. J., & Parsons, R. (1968). Exposure to cold environment and rhinovirus common cold: Failure to demonstrate effect. The New England Journal of Medicine, 279(15), 742–747



