Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, déjà mis en cause dans une faille de sécurité le mois dernier, a partagé des informations militaires sensibles sur une frappe au Yémen lors d’une discussion sur la messagerie Signal à laquelle assistaient son épouse, son frère, son avocat, « ainsi qu’une dizaine de personnes de son entourage personnel et professionnel ». Selon le New York Times, qui cite « quatre personnes au courant de cette conversation », le ministre de la Défense a diffusé à cette occasion les horaires précis des vols des appareils qui devaient aller frapper des cibles rebelles houthis au Yémen, « essentiellement les mêmes plans d’attaques que ceux qu’il avait partagés le même jour sur un autre groupe Signal ».

Le journal précise que l’épouse du ministre, journaliste et également ancienne salariée de Fox News, n’est pas employée par le Pentagone, alors que le frère et l’avocat de Pete Hegseth y occupent des postes. « Mais on ne voit pas pourquoi l’un ou l’autre aurait eu besoin d’être au courant de frappes imminentes contre les Houthis au Yémen », souligne le New York Times.

« Mépris inconsidéré »

Selon le quotidien, des fonctionnaires du Pentagone avaient averti le ministre quelques jours plus tôt qu’il ne devait pas discuter d’informations concernant des frappes au Yémen sur Signal. Cette messagerie est cryptée, mais elle est considérée comme moins sûre que les canaux officiels utilisés habituellement pour les données sensibles.

Réagissant à ces informations, le porte-parole du Pentagone, Sean Parnell, a accusé le New York Times d’être un « média qui déteste Trump ». « Il n’y a pas eu d’informations classifiées dans des discussions sur Signal, quelles que soient les façons dont ils essaient d’écrire l’histoire », a-t-il déclaré, sans fournir plus de détails.

L’opposition démocrate n’a pas tardé à réagir. Jack Reed, membre de la commission des forces armées du Sénat, a demandé à l’inspecteur général du Pentagone d’inclure les dernières allégations dans son enquête. « Si cet incident est avéré, il s’agit d’un nouvel exemple troublant du mépris inconsidéré du secrétaire Hegseth pour les lois et les protocoles que tous les autres membres de l’armée sont tenus de respecter », a-t-il déclaré dans un communiqué.

« Signalgate »

Lors du premier « Signalgate », Donald Trump avait défendu ses ministres impliqués dans une conversation avec le journaliste Jeffrey Goldberg, du magazine The Atlantic. Inclus par erreur dans la discussion, ce dernier avait reçu des plans très détaillés d’attaques américaines menées au Yémen.

Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale du président américain, en avait endossé la « responsabilité » en expliquant avoir créé le groupe sur Signal. Selon le New York Times, l’autre groupe a en revanche été créé par Pete Hegseth en personne avant qu’il prenne ses fonctions de ministre.