

Difficile d’imaginer nos journées sans nos écrans. En France, selon l’Arcep, nous passons en moyenne 4h27 par jour sur notre smartphone. Notifications, réseaux sociaux, messageries… l’appareil est devenu le prolongement de nous-mêmes. Mais que se passe-t-il si l’on coupe tout, ne serait-ce que trois jours ?
C’est la question qu’ont voulu explorer plusieurs chercheurs. Des travaux récents montrent qu’une abstinence de 72 heures sans téléphone suffit à modifier l’activité cérébrale dans les zones liées à la récompense et à la motivation.
Trois jours sans smartphone : quels sont les bénéfices ? Le cerveau en mode « reset »
D’après les résultats publiés par ScienceDirect, l’arrêt du smartphone entraîne une baisse de l’activation dans les circuits dopaminergiques. Concrètement, ces zones cérébrales sont les mêmes que celles mobilisées dans les phénomènes d’addiction.
« On observe un effet de sevrage comparable à celui ressenti lors de l’arrêt d’une substance addictive », explique le Dr Alexander Markowetz, spécialiste du numérique et auteur de Digitaler Burnout.
Mais attention, contrairement aux idées reçues, cette pause ne rend pas plus anxieux ou plus dépressif, bien au contraire. La santé mentale est davantage mise en péril par des temps excessifs d’écrans. Et une étude menée en 2023 auprès de jeunes adultes montre qu’aucune aggravation des symptômes dépressifs ou anxieux n’a été constatée après trois jours sans téléphone.
Le rôle des neurotransmetteurs : dopamine et sérotonine en ligne de mire
Les chercheurs ont aussi observé une variation des niveaux de dopamine et de sérotonine. Ces deux neurotransmetteurs sont impliqués dans le plaisir, la régulation de l’humeur et la motivation.
Sans smartphone, le cerveau se « resensibilise ». Il retrouve une capacité à réagir à des récompenses plus simples : un sourire, un paysage, une discussion. Comme si l’absence d’hyperstimulation numérique permettait une remise à zéro des capteurs internes.
Des bénéfices insoupçonnés pour l’attention et le bien-être
Au-delà de l’aspect biologique, l’expérience de trois jours sans téléphone offre des bénéfices tangibles :
- Moins de distractions : fini les interruptions incessantes, ce qui améliore la concentration et la productivité.
- Plus de temps de qualité : discussions en face à face, lecture, promenade… le temps libéré devient un espace de respiration.
- Un sentiment de liberté : après la phase de manque initial, beaucoup rapportent une sensation de calme et d’allègement.
En d’autres termes, loin de nous fragiliser, la déconnexion temporaire pourrait renforcer notre bien-être psychologique.
72 heures sans téléphone : faut-il se lancer ?
Bien sûr, ces résultats doivent être nuancés. La plupart des études ont été menées sur de petits échantillons, souvent composés de jeunes adultes. De plus, 72 heures, c’est court. On ignore encore l’impact d’une abstinence prolongée sur le cerveau.
Mais une chose est sûre, l’expérience mérite d’être tentée. Ne serait-ce que pour reprendre conscience de notre rapport au numérique et observer comment notre esprit réagit sans la béquille permanente du smartphone. Alors, prêts à relever le défi des 72 heures sans téléphone ?
À SAVOIR
En France, une enquête nationale EVADD (2023) montre que 66 % des adultes ont un usage compulsif du smartphone et plus d’un tiers présentent une addiction avérée. Cet excès est aussi lié à des troubles du sommeil (notifications nocturnes, difficultés à décrocher).


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