Dimanche soir, un avion de la compagnie Nouvel Air a failli atterrir sur un appareil EasyJet s’apprêtant à décoller. Le commandant de ce dernier, en état de choc, a finalement annulé le vol. Un passager témoigne.

«À trois mètres près». Trois mètres, c’est la distance qui a permis d’éviter une collision entre deux avions, dimanche 21 septembre à l’aéroport de Nice (Alpes-Maritimes).

Ce soir-là, Érard, un passager de 29 ans, s’apprête à prendre un vol easyJet (EJU4706) à destination de Nantes. «Nous devions décoller aux alentours de 20 heures», raconte-t-il dans un rire nerveux. On nous prévient simplement que l’embarquement aura un peu de retard.» Au départ, rien d’inquiétant, cela se comprend en raison des intempéries. Des orages, accompagnés d’un épais brouillard, s’abattent en effet au même moment sur la Côte d’Azur. Une heure passe, puis deux. On annonce d’abord l’annulation du vol, avant de revenir sur cette décision.


Passer la publicité

«On a entendu un énorme bruit»

Une fois à bord, Érard, installé en 19F, constate que l’appareil change plusieurs fois de piste mais l’appareil ne décolle toujours pas. Il est plus de 23 heures, boissons et encas commencent à être distribués et c’est alors qu’on annonce enfin un départ imminent. «L’avion s’apprêtait à décoller quand on a entendu un énorme bruit de moteur, juste à côté. Avec l’orage, le vacarme était assourdissant. Tout le monde s’est figé.» En réalité, un avion de la compagnie tunisienne Nouvelair, en approche pour atterrir, vient de frôler l’appareil easyJet – à trois mètres près – avant de remettre les gaz pour reprendre de l’altitude et éviter la catastrophe.

Si Érard assure que la panique a été ressentie côté cabine, elle l’a été d’autant plus côté cockpit. «On a vu le commandant sortir du poste de pilotage. Il pleurait, ses mains tremblaient. Il nous a dit “On a évité un crash” en nous disant que cela s’était joué à trois mètres. Plusieurs personnes se sont mises à pleurer. Il a ajouté qu’il n’était pas en capacité d’effectuer le vol.» Les passagers ont aussitôt été débarqués et le vol annulé.

Une enquête a été ouverte par le BEA

«J’ai eu peur, bien sûr», avoue Érard. «Je suis quand même content de pouvoir en parler», rigole-t-il. Une enquête a été ouverte. Le commandant du vol easyJet aurait affirmé que la tour de contrôle n’était pas en cause. Il s’agirait plutôt d’une erreur du vol Nouvel air, provoquée par le brouillard.

Le ministre démissionnaire des Transports parle d’un «important incident» et d’une «collision évitée de justesse». «J’ai immédiatement demandé à ce qu’une enquête soit ouverte par le Bureau d’enquêtes et d’analyses  (BEA) pour faire toute la lumière sur les circonstances précises de cet évènement», a-t-il écrit sur le réseau social X.

De son côté, le BEA a confirmé cet après-midi que l’avion d’easyJet était «prêt à décoller» et que celui de Nouvelair a effectué «une remise de gaz». Il met toutefois en garde contre toute interprétation hâtive. «C’est un incident grave. Les deux appareils ont été immobilisés afin de saisir les boîtes noires. Nous devons recueillir les témoignages des deux équipages, du contrôle aérien, analyser les données radars et toutes les circonstances y compris météorologiques», rappelle le bureau d’enquête.