Je me suis senti mal. Lorsqu’un haut responsable de la nouvelle diplomatie américaine m’a expliqué, dans son bureau de Washington, que le danger ne venait pas, pour les démocraties européennes, de ce que j’avais appelé «l’autocratie russe» mais d’elles-mêmes, de leur censure, de l’annulation des élections roumaines et de la répression de leurs opposants, j’ai d’abord cru faire un mauvais rêve, mais non.

J’étais bien au département d’Etat, reçu en ma qualité d’élu au Parlement européen, au septième étage, celui des décideurs, et ce nouveau venu, un proche de la Maison Blanche, venait bien de me dire, devant une demi-douzaine de ses collaborateurs, que Poutine était moins dangereux pour l’Europe que les Européens eux-mêmes. Non seulement je ne rêvais pas mais il me restait à entendre, entre autres, que Donald Trump faisait tout pour que la paix revienne en Ukraine et qu’il était incompréhensible que ce mot de «paix» fasse tellement horreur à tant d’Européens.

Cet homme avait voulu me faire la leçon devant un comité d’accueil. Je lui avais rappelé que le vice-président J.D. Vance voulait désormais interdir