Citez tous les pilotes qui ont remporté au moins deux
courses en catégorie reine depuis 2000. Vous allez logiquement
commencer par Rossi, puis Marquez, puis, peut-être Lorenzo ou
Stoner… jusqu’à arriver à Marco Melandri, ou Cal Crutchlow, voire,
Alex Marquez. Mais avez-vous pensé à Makoto Tamada, autre pilote
emblématique du début du millénaire ? Et bien, une petite
rétrospective s’impose, juste avant le Grand Prix du Japon où il a
longtemps sévi !
Ne vous en faites pas, rien d’inquiétant si vous ne le
connaissiez pas : sa carrière en MotoGP fut courte, elle dura seulement cinq ans.
Mais son parcours en mondial et dans le monde de la moto ne
ressemble à aucun autre. Il naît en 1976 et son parcours, dès le
départ, est loin d’être commun. Bourré de talent, il reste dans les
championnats japonais alors qu’il pouvait clairement prétendre à
une place en mondial. Ainsi, de 1994 à 2003, il erre dans
ces grilles garnies de pépites, certes, mais qui ne se voient que
peu. Au final, pas même un titre national. L’histoire
semble triste jusqu’ici, mais il avait fait encore mieux que de
gagner un championnat sur l’archipel.

Ici à
Donington, en 2005.
Durant la manche japonaise du championnat du monde Superbike,
étaient invités quelques pilotes locaux. En 2001, il choque le
monde. Sur Honda, Makoto remporte non pas une, mais les deux
manches du week-end, le tout en tant que wild-card !
Une performance ahurissante, quand l’on connaît le niveau
des Troy Corser et autres Troy Bayliss qui participaient.
Deux courses dans la saison, deux victoires sur la scène
mondiale.
En 2002, il est de nouveau invité, toujours sur le circuit de
Sugo. Il termine deuxième de la première manche, et remporte la
seconde. Cette victoire est historique : c’est la seule que n’ont
pas réussi à enlever Colin Edwards et Troy Bayliss sur toute la
saison. Bien sûr, le monde des Grands Prix ne peut rester
insensible à un tel talent. Ainsi, il décroche un guidon en mondial
pour l’année 2003, chez Pramac Honda. À peine cinq courses plus
tard, il score déjà les points de la quatrième place. Au Brésil, il
réalise son premier podium en carrière, devançant de sérieux
clients, comme Max Biaggi ou Nicky Hayden. Arrivé à 27 ans
en catégorie reine, il crève l’écran.
Makoto était le seul pilote de toute la grille à piloter une
Honda chaussée de Bridgestone, alors que tous les top teams
préféraient Michelin. Une sorte d’OVNI, capable du meilleur comme
du pire. L’année suivante, il garde les pneus Bridgestone mais
emmène ses talents chez Honda Camel, qui fait courir la star Max
Biaggi. Et il ne déçoit pas. Il réussit à prendre la victoire au
Brésil, la première de sa carrière. Rendez vous compte l’émotion
qu’a du ressentir l’enfant d’Ehime, lui qui avait écumé le
championnat national sans rien gagner presque dix
ans ! Incroyable.
Après une deuxième place accompagnée de la pole au Portugal, le
Grand Prix le plus fou de sa carrière approche. Le rendez-vous est
donné pour Motegi, sa course. Et là, il n’y a aucune concurrence.
Rien. Il prend la pole, le meilleur tour en course et la victoire,
collant six secondes à Valentino Rossi. Ahurissant. Une
dernière pole position à Valence vient parachever une excellente
saison, qui le voit finir sixième au général avec une
victoire de plus que Biaggi – qui, entre nous, n’a pas du
apprécier.

Ici à
Phillip Island en 2006. Quel pilote.
Au vu du potentiel marketing qui se dégage autour de Makoto, une
équipe spéciale se met en place : Konica Minolta
Honda. Cette RC211V à la décoration célèbre a pourtant
moins marché. Passé chez Michelin, rien ne va plus. Une méchante
blessure au poignet en début de saison marque le début de la fin.
Malgré tout, il arrive à monter sur le podium une dernière fois
lors de son Grand Prix national.
Il courut une année de plus chez Honda, sans succès avant de
terminer sa carrière en mondial chez Yamaha Tech3, là encore mis en
difficulté par Sylvain Guintoli. La suite se dessine en Superbike,
pour une année complète en 2008, sans succès aucun. Ce passionné
est toujours resté dans le monde de la course malgré tout.
Aujourd’hui instructeur pour Suzuki, il nous rappelle que notre
sport est fait de magnifiques histoires. Des vainqueurs en
Superbike et en MotoGP, il y en a peu, mais ils sont encore moins à
avoir remporté leurs Grands Prix nationaux dans les deux
catégories. Cinq ans au plus haut niveau et puis s’en va,
mais nous, nous n’oublions pas.
Vous souvenez-vous de ce pilote ? Dites-le-moi en
commentaires !

Ici,
pour Kawasaki en Superbike, à Brands Hatch en 2008.
Photo de couverture : MotoGP.com